Pique moi, je te mords. (ft Hazel)

Tu ricanes comme un con en revoyant la tête chelou que t’as lancé Skye quand tu l’as planté dans les locaux de Sparte, alors que la pause déjeuner allait sonner. Habituellement, si vous êtes tous les deux présents et dispos, tu as tendance à l’embarquer avec toi pour aller manger un bout tout en fumant l’une de tes trop rares cigarettes de la journée. Sauf qu’aujourd’hui, tu as complètement autre chose en tête, et que c’est pour ça que tu l’as planté comme un pauvre petit, avant de foncer vers ta berline noire, d’un pas pressé. En même temps, Clay, t’allais pas lui dire que tu avais prévu d’aller voir sa moitié hein. Avec ton bol, soit il t’aurait pas cru, soit il t’aurait regardé bizarrement. L’un dans l’autre, il vaut mieux éviter de provoquer les remous qui animent ton ami, voilà ce que tu t’es dit.

Tu traverses la ville avec toute l’aisance du type qui roulent plusieurs fois par jour dans les rue de L.A. et qui sait toujours où ça risque de boucher. T’évites presque toute la circulation hachée de midi qui approche et c’est quand tu arrives devant une petite boulangerie que tu connais assez bien, que tu prends le temps de réfléchir quelques secondes. C’est bizarre. Tu as beau être gentil et dévoué, aimer prendre soin des gens, c’est archi chelou, tu le sais. Avec ton bol, elle va croire que tu viens l’empoisonner, tellement c’est surprenant.

Enfin bon, tu finis par faire des emplettes en marmonnant tout seul des trucs que personnes ne comprend pas, mais qui refroidissent les gens de venir vers toi, et tu reprends la voiture. Encore un bon quart d’heure de voiture, te voilà qui arrive devant l’une des villas qui, à force que tu y viennes beaucoup trop souvent, pourrait presque être ta deuxième maison. Habitué comme tu l’es, tu n’es même plus surpris ou inquiet par la démonstration de sécurité de l’endroit. Tu récupères ton sac en kraft qui contient un assortiment de pâtisseries et de viennoiseries, comme te l’a suggéré Hope ce matin, quand tu lui as demandé ce que tu pouvais bien amener à la future maman.

Veste en cuir sur les épaules, lunettes de soleil sur le nez parce qu’aujourd’hui il fait sacrément beau et que tes yeux détestent ça, tu te rends sur le palier. Tu prends le temps de vérifier ton portable, que ni Hope ni Skye n’aient tenté de t’envoyer un S.O.S et tu finis par appuyer sur le bouton de l’entrée, tendant l’oreille pour entendre le carillon et rajoutant de ta grosse voix ensuite :

« Ma petite Hazeeeeel, tonton Clay est là pour venir dire coucou à sa future nièce & filleule ! Et vu qu’il est bien entendu parfait, et plus encore bien plus que toi chère enchanteresse, il a apporté un déjeuné bourré de sucre, de beurre et de chocolat à la super maman que tu es ! »

In-fer-nal. Dès que tu es au contact de cette femme, tu ne peux pas t’empêcher d’en faire des caisses et de venir la titiller. Tu adores la faire réagir, et plus encore, tu adores le répondant et le mordant qu’elle possède. Si tu as eu un mal de chien avec elle, au départ, parce que tu ne pouvais te décrocher de l’image de la Primordiale qu’elle incarnait, tu as appris à aimer les plus tranchants de ses facettes.

« Il fait une chaleur à crever dehors, veux-tu bien m’ouvrir ? Et tu rappuies sur le bouton de la sonnette, avec une impatience qui n’est absolument pas feinte. Oh putain, j’espère qu’elle est pas en train de dormir… Elle va me tuer ? »

Et mine de rien, tu as le bon (peut-être ?) sens de reculer d’un pas hors du perron, au cas où la jeune femme décide en effet que tu n’es pas le bienvenu et en finisse trop rapidement de ta vie à peine commencée.

Il y a une chose de certaine, quand tu viens voir Hazel (et Skye), c’est que tu ne sais jamais à quoi t’attendre. L’un comme l’autre ont toujours tendance à te surprendre et c’est peut-être ce que tu aimes le plus chez eux. Tu ne t’ennuies pas. Tu n’as pas l’impression d’une routine. Chaque rencontre mène à… franchement, une finalité que tu ne t’attendais pas trouver. Et donc aujourd’hui encore, tu sais que tu y vas sans savoir comment, quand et dans quel état tu vas repartir. Et puis Madame est sous influence des hormones de grossesse, Hope t’a prévenu de ne pas faire de faux pas.

« Je viens rendre visite, j’ai pas le droit ? C’est parce que j’ai laissé ton mari au travail et que je viens me tourner les pouces que tu râles ?! Tu la taquines, avant de lui offrir un clin d’oeil et rajouter quand même. Skye va bien, il était tout triste que je le laisse manger seul, mais il s’en remettra va. »

Tu exagères, pourtant l’image de ton meilleur ami avec des yeux de chiots a quelque chose d’amusant. Tiens, faudra que tu vois s’il en est capable, par hasard ! En attendant, tu lui tends le paquet de gourmandises et quand elle fait une remarque sur son poids, tu ouvres deux grands yeux ronds. Et… oui, c’est de la panique qui passe dans tes yeux. Parce que non, Hazel n’est pas grosse, mais son ventre prend des formes. Et t’es pas certain qu’elle prenne bien l’information… mais qu’elle boude pas si tu ne lui dis pas que sa grossesse se voit un peu quand même. Alors tu lèves les mains, comme si elle braquait une arme sur toi, et tu t’empresses de répondre :

« Tu es toujours aussi parfaite, qu’est-ce que tu crois ? En plus, moi, le poids, j’y connais rien. Et tu te jettes aussi sec sur le colis pour en faire diversion. Oui, je m’occupe de ça, rentre donc, je te suis. Faut bien que mes gros muscles servent à quelque chose que tes petits bras fragiles ne peuvent pas faire… »

Tu pourrais lui tirer la langue comme un gosse, mais tu préfères ricaner comme un benêt avant de te précipiter pour prendre l’énorme carton et le ramener jusqu’à son salon. Tu le déposes sans pouvoir t’empêcher de regarder l’étiquette et les annotations sur le caton, curieux comme pas deux. T’es en train de faire le tour du bidule, quand elle te prend de cours. T’es heureusement planqué derrière le bordel, en sécurité (normalement) et tu te penches pour faire apparaître ta tête sur le côté et l’observer, l’air surpris, bien qu’un sourire illumine déjà le bleu de tes yeux.

« J’sais pas, parce que tu m’en as pas offert ? Créé un modèle à mon nom, et je te promets d’en faire la pub partout où je vais. T’imagines, mon éminente personne qui donne le nom de ta marque à tout le monde ? Tu vas être en rupture de stock en moins de trois jours ! »

Petit sourire en coin, tu fais un pas sur le côté et tu toques sur le carton pour essayer d’entendre ce qu’il y a à l’intérieur avant de complètement craquer :

« C’est quoi ce truc ? Pourquoi tout ce que vous avez ici est disproportionné, franchement ? Ta sempiternelle taquinerie sur leur richesse, tu ris. Y’a de tous, je ne savais pas si tu avais des nouvelles choses que t’aimes ou pas. Hope te passe le bonjour, d’ailleurs. C’est elle qui m’a dit que le sucré te ferait plaisir, si ça te va pas, je te laisse t’en prendre à elle ! »

C’est archi faux. Jamais personne ne s’en prendra à ta soeur, et Hazel le sait, mais pour le moment, tu t’amuses surtout à la taquiner comme tu le fais toujours.

« Ah ouais rien que ça ? Et si je suis phénoménalement beau, ça le fait non ? Parce que vu mon fanclub, je pense que je coche laaaargement ce critère tu sais ! »

Tu es tout fier de toi, à rouler des mécaniques comme un coq dans son poulailler. T’aimes bien rire de l’effet que tu as sur les femmes qui t’entourent, parce que ça en fait rager plus d’un, mais à la finalité, tu n’as toujours pas trouver chaussure à ton pied. En attendant, mon vieux, tu aimerais bien qu’elle te créer un modèle à ton nom, c’est vrai. Parce que ça serait vraiment classe, d’une part, et que tu te sentirais… être quelqu’un.
C’est un des pouvoirs de la jolie brune, ça. Avoir le pouvoir (et pas celui de mutant, normalement), de donner de l’importance aux choses qui l’entourent. Elle est si particulière, si exigence, si vivante, que mine de rien, même quand elle t’en foutait dans les dents, tu étais content d’attirer suffisamment l’attention pour ça. Parce qu’elle a du répondant aussi. Enfin c’est pas très clair dans ta tête, mais tu aimes l’idée qu’elle file ton nom à un modèle de lunettes, voilà tout !

Au final, tu en reviens au colis que tu as rentrer à l’intérieur et… bien entendu, sa réponse ne te va pas du tout. Tu te retrouves à t’en approcher plus encore. Tu le renifles sans grand succès, et tu commences à en faire et refaire le tour, en écoutant Hazel te répondre. Tu regardes chaque inscriptions, l’envoyeur, les instructions de livraison, sans trouver de détails, te tirant un grognement mécontent, avant que tu ne reviennes à la future maman.

« Parce qu’elle a toujours peur de déranger, je crois ? Ou alors tu lui fiches les miquettes, c’est possible aussi. Après, si mon humble personne n’est pas suffisante pour jaser avec toi, je peux partir et t’envoyer Hope à la place hein ! C’est pas comme si tu m’avais un jour apprécié, non plus ! »

Tu viens placer une main sur ton coeur comme le grand drame que tu incarnes, un sourire ourlant tes lèvres. Il n’y a pas forcément énormément de personne que tu te permets de faire chier autant. Enfin surtout quand ce sont des mutants qui pourraient t’écrabouiller du petit doigt. Mais depuis qu’Hazel fait partie du paysage par son lien avec Skye, tu t’es toujours permis de lui rentrer dedans et de la titiller sans limite. Surement au départ parce que tu ne l’aimais clairement pas. Maintenant… par habitude ?

Tes yeux se déplacent jusqu’à ses pieds, quand elle te demande ce que tu fais là, et tu vois la tâche d’eau qui grossit sous elle. Ca t’amuse vraiment de voir comment elle agit, la simplicité de son fonctionnement et la vie qu’elle mène. Il n’y a pas à se prendre la tête, et clairement ça te fait un bien fou.

« Pour te voir toi, ma parole ! Tu finis par répondre. Je n’ai pas le droit d’avoir envie de prendre de tes nouvelles sans ton mec, comme tu dis ? Tes yeux roulent dans tes orbites. Tu es enceinte, Hazel, j’ai beau être un gars, je sais que c’est une sacrée période alors j’avais envie de savoir si tu allais bien. Et puis j’ai cru comprendre que t’avais pas encore trop commencé à te préparer, nan ? Vous avez commencé à acheter ce qu’il faut ? Tu veux un coup de main de la part de tonton Clay ? »

Tu n’as jamais été père, mais tu t’es occupé de ta soeur… et puis tu as toujours rêvé de l’être. Alors si tu peux être un pilier, si tu peux lui fournir de l’aide, ça te ferait plaisir, c’est certain. Tu es maladroit pour le proposer, encore plus que votre entente n’est pas si vieille, mais t’as décidé de lui tendre la main sur un coup de tête, ce matin et… te voilà.

« T’es pas trop malade, d’ailleurs ? Tu la questionnes, pour essayer de montrer patte blanche. »