Somebody I used to know (vance)

- somebody i used to know -

You didn't have to cut me off. Make out like it never happened. And that we were nothing.

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D'humeur excessivement généreuse comme à peu près tout le temps car l'excès est ta religion, tu cherches sans répit une surprise à ton homme. Une surprise mirobolante. Envie d'illuminer et remplir son horizon de ton incommensurable affection, lui offrir un truc unique au monde. Un truc dingue. Provoquant un raz-de-marée dans son crâne.
Tu sais que Skye adore en recevoir plein sur la tronche. En mettre aussi cependant il en met uniquement pour recevoir le double voire le triple. Un comportement plutôt chaotique voire destructeur l'ayant conduit à chercher les emmerdes au chaud du sud durant des années. Un comportant en considérable réduction ces derniers mois. La cause ? Votre nouveau départ. Un équilibre certes bancal mais prometteur compte tenu de vos dérives respectives.
Et tu souhaites poursuivre sur cette lancée sans le brider. Mieux, tu ambitionnes de l'encourager à exprimer ses pulsions assassines comme toute amoureuse qui se respecte et célèbre la nature humaine et honore les profondeurs de cette dernière et accepte les émotions transcendantes en découlant.
Alors c'est tout naturellement que tu vas en repérage au sein de son ancien quartier privilégié niveau décadence et violence hors norme. Destination, l'arène de combat. LA ROYAL CAGE.
Pourquoi un nom pareil ? Aucune foutue idée. Tu ne vois ni trône ni tapis rouge. La crasse recouvrant les murs et la sueur vaporisant les airs. L'ambiance idéale aux instincts de prédation. Les tiens compris. Est-ce que tu imagines pour autant participer (et donc donner un spectacle gratuit à ces ratés venus oublier leur misérable vie) ? Pas vraiment.

Camouflée derrière une casquette de Skye et une chemise de Skye et un calbut de Skye - en somme le déguisement parfait - tu te fraies un chemin parmi les chiens galeux venus se repaître de l'effusion de sang. Mieux qu'un match des Dodgers.
Ça gueule, gesticule et grogne à s'en déboiter les mâchoires néanmoins personne ne règle ses comptes en dehors du ring. De ce que tu en vois. Tes prunelles allant et venant pour te faire une idée du décor. Elles finissent par atteindre la véritable cage posée au milieu de l'entrepôt, offrant une vue panoramique à l'ensemble du public.
Des noms sont criés, des billets échangés. Les bookies au taquet récupérant les paris. Et dire que le sud se plaint de ses conditions de vie quand une soirée pareille, une soirée ordinaire, doit lui rapporter des milliers de dollars. Un gros foutage de gueule.
Cependant l'esprit ne s'attarde pas à ce détail insignifiant, déjà reparti s'écraser contre les silhouettes des combattants recouverts d'ecchymoses et autres balafres apposées à même la chair. L'un tombe à la renverse. L'autre se renverse dessus. Une valse enivrante retenant l'attention. Jusqu'à la vision surréaliste des traits familiers égratinant la rétine.
Vance sur le bord des lèvres.
Vinnie dans les méandres du coeur.
Ce n'est pas possible. Pas possible que ce gros connard respire encore. Son corps forcément enterré quelque part. Bouffé par les asticots. Unique raison justifiant sa disparition soudaine de ton existence car tu n'autorises personne à disparaître de ton existence. Pas sans ton accord et ton accord tu ne lui as pas donné.

L'incompréhension tabasse ta pensée. Revient te hanter.
Trop naïf et enivré du chaos à l'époque, de toi aussi (tu en es persuadée) tu ne conçois pas la réalité sous tes yeux. La volonté de partir. Le comment ou le parce-que de son éclipse subite.
Palpitant cogne fort, hurle dans la cage thoracique et tu recules avant de trahir ta présence. Déterminée à le confronter en toute intimité pour obtenir des explications, des excuses, de quoi te convaincre de ne pas rectifier le tir et le buter.
Ton égocentrisme boulimique t'empêchant de considérer la possibilité que Vance ait connu l'enfer lorsque l'enfer, le tien - le plus important évidemment - à commencer après son départ. Les mauvais choix et mauvaises rencontres. Jusqu'à parvenir au bout du tunnel, tirée de force par la raison de ta présence ici.
Celui qui ne te laissera jamais tomber.
Tu t'éloignes donc du ring et trouves un coin où te poser, te préparer aux retrouvailles. Impatiente. Immature. Engluée au fond de tes ruminations, tu te refais le film déjà visionné des centaines de fois. Puis le vainqueur est annoncé, le perdant éclaté à terre. Tu suis de ton regard perfide l'ombre de Vinnie, l'enflure, qui abandonne la foule.
Porte des chiottes furieusement poussée. Elle n'a pas le temps de se refermer que tu néantises la distance avec le revenant et percutes son corps esquinté par les coups. Des nouveaux résonnent. Tes mains repoussent la masse contre le mur, l'écrasent. "Vas-y donne moi une bonne raison de pas te crever." Avec les sous titres ça donne : bonjour mon chou (sourire). J'espère que tu vas bien (coeur). Je me suis demandée où tu étais passé, veux-tu bien m'expliquer ? XOXO Hazel.

@Vance Farrell

somebody i used to know
@hazel lane — royal cage, avril 2033
tw : combat, mention de blessures, abandon


Les cris s’amplifient. Les billets tombent. Pleuvent, même. Comme les quelques autres soirs, l’assiette sera pleine. Peut-être. Le ventre gronde, le corps bouillonne. Il n’y a rien d’autre qui existe, ce soir. Seulement l’adversaire d’une nuit. Un par nuit. La seule précaution, c’est le bandage minutieux aux mains, qui entoure parfaitement les doigts pour éviter leur cassure. Parce que demain, les notes résonneront et le troubadour fera son entrée. Appliqué, à en faire attendre les chiens qui demandent leur rut, j’en abuse. La guenille sur les épaules, les paluches protégées – le seul bien précieux, l’entrée se fait sous les huées. Ils ont faim. Moi aussi. Mais ce n’est pas vraiment le même appétit. La vengeance ronge tout, alors autant répandre le chaos comme elle me l’avait appris.

On se rôde, on se tente. On se manque. Et ça agace. Pas assez de sang, encore. La quantité, plutôt que la qualité. Comme d’habitude. Des caisses à la surface qui n’ont pas la valeur de celles enfouies. Alors, ce sont les étreintes qui imprègnent l’adversaire. Le malchanceux, vantard, nourrit le feu déjà fou de la foule. Houle déchaînée, je m’emporte dans son courant. Saut à la gorge, à la renverse, il n’y a personne d’autre que lui qui existe à ce moment. Les coups écrasent la carne, s’appuient sur les écailles cachées. Et ça finit par réveiller le léviathan qui aurait du rester endormi. Les canines accrochées à l’oreille qui s’envole, c’en est fini de sa mélodie. Alors, il griffe, harponne ce qui ne peut plus être gâché. La ruine fumante, fulmine et déborde de mon myocarde. Il n’y a plus grand-chose à raviver, tant le brasier aura tout consumé. Alors, le poing s’écrase dans son visage. La mâchoire s’affaisse et les sons heureux emportent les heurts de l’adversaire. En rythme soutenu, saccadé, jusqu’à ce qu’on me relève de ma proie. Prédateur nouveau, au carmin dégoulinant des lippes et des bandages, on reconnait ma victoire et je m’éclipse aussitôt.

Briller, c’était interdit. Survivre était obligatoire. J’enfile une casquette et retourne aux vestiaires – ou plutôt toilettes. Ailleurs, à l’adrénaline qui s’en va, c’est la marée qui m’assomme. Les tripes retournées, j’essuie ma bouche et m’avance vers la sortie. Impasse. Hazel ? Son corps m’attaque et le réflexe est la garde. Poings serrés. Un adversaire par nuit. Pas plus, ni moins. Alors, je la baisse. Parce qu’elle seule sait y parvenir. Plaqué au mur, la tête cogne et c’est la boîte à souvenirs qui s’ouvre. Le sourire béat, niais aux lèvres, j’en échappe un léger rire, où un savant mélange de carmin et de dégluti s’écrase au sol. « Prends un ticket ? » Le contact prolongé engendre tous frissons, et je n’arrive pas à me défaire de son emprise. Volonté, ou pouvoir. Je n’avais ni l’un ni l’autre. Alors, le corps encaisse. Parce que c’était ça, avec Hazel. Tout ou rien. Et surtout, toujours et à jamais. C’était la promesse, d’un jour aux lendemains fourbus. Un seul lever de soleil avait suffi. Lever, coucher. L’ombre depuis, la nuit et la crasse, bien loin des dorures promises et du cristal des rires.