Amos - The Beast within

Amos est né … Probablement à Détroit. Il ne l'a jamais su, personne d'ailleurs et, pour ne rien vous cacher, il n'en a jamais vraiment eu quelque chose à foutre. Abandonné, comme dans les films, devant la porte d'une chapelle, ses premières années sont très floues. On lui a dit qu'il a été baladé entre les hôpitaux, les services sociaux et autres organismes pour finir au fin fond du trou des quartiers miteux de cette ville, dans un orphelinat. Le genre de coin d'où on ne revient quasiment jamais. Ceux qui y bossaient s'occupaient que vaguement des gosses qui étaient souvent laissés à eux-mêmes et, aux côtés de ses frères et sœurs de fortune, Amos eut tôt fait de devoir se débrouiller de ses propres mains. Le vol devint fréquent, de quoi se nourrir, principalement, mais aussi du liquide, pour parfois s'habiller et, de temps en temps, se faire plaisir. Il arrivait fréquemment que les … Responsables oubliaient de leur faire à manger, leur disant que sauter un repas ou deux ce n'était pas si grave. Dans ces ruelles malfamées, la violence ne tarda pas à arriver, devant se battre régulièrement contre d'autres bandes, contre d'autres miséreux, ou simplement contre d'autres chercheurs de merdes. Dès son plus jeune âge, notre ami semblait être fait pour ça, malgré son gabarit, malgré sa bouille d'âge, il frappait déjà fort et avait un instinct particulièrement développé comme si … Comme si la Bête montrait déjà le bout de son museau. C'est en partie grâce à lui que les autres groupes finirent par foutre la paix à ceux de son orphelinat, leur laissant, de temps à autre du répit.

Les années passèrent lentement, l'école ne l'intéressa jamais réellement, si ce n'est, peut-être, les cours de lettre. La grammaire, l'orthographe, la syntaxe … Non, tout cela lui passa au-dessus de la tête, comme tout le reste, mais, la lecture, voilà quelque chose qui le passionna rapidement. S'évader de la réalité, cela pouvait sembler cliché, mais, cela était bénéfique à sa santé mentale. Les soirées films étaient les seules choses agréables au sein de l'orphelinat, passer leur soirée à regarder la télé à enchaîner les films, ou tenter de regarder les DVD piqués sur les marchés. Outre lui donner une certaine culture cinématographique, c'est avec l'impulsion des films regardés dans son enfance que le bambin fut éduqué. Une vision un peu déformée de la réalité, mais qui, pourtant, le poussa vers l'avant, s'imaginant de belles choses. Les histoires d'amour le marquèrent, s'imaginant un jour tomber sur quelqu'un capable de le rendre heureux, fonder une famille, avoir un chien et un grand jardin. Les histoires de cape et d'épée aussi, d'ailleurs, le marquèrent, préférant se voir dans le rôle du héros, plutôt que celui du vilain. Ses nombreuses lectures finirent par l'enrichir, le pousser à la réflexion, mais aussi à l'apaiser et à lui montrer un monde différent qui était le sien, comme si … Comme si une issue bénéfique pouvait exister.

Malheureusement, sa vie changea rapidement, vers ses dix ans. Une journée banale où une partie des cours fut esquivée et où le petit groupe se retrouva à errer dans les rues jusqu'à ce qu'une rencontre se fasse, le marquant à jamais. Une jeune femme, en début de trentaine, entourée par trois grands adolescents, dont un était armé d'un couteau. Ils voulaient prendre son sac et … Probablement d'autres choses qu'un bambin de son âge était incapable d'imaginer. Bien que ses frères semblaient effrayés, notre homme eut cette sensation indescriptible. Il pouvait le faire, il pouvait les battre. Non, il devait les battre, il devait leur faire mal, les massacrer. Il lui fut difficile de placer des mots sur cela, mais, quelque chose au fond de lui semblait vouloir sortir, une boule de haine, de rage et de colère, assoiffée de sang. Une chose qu'Amos retint tant bien que mal, malgré son avancée, pour. La suite fut … Surnaturelle. Tout semblait se passer au ralenti, chacun des mouvements des trois hommes semblaient si … Lent. Tout ce que lui faisait semblait si nature, si simple si … Puissant. Peut-être écouta-t-il un peu trop cette Bête au fond de lui, mais, des bras, des jambes, des dents et des doigts furent brisés. L'homme au couteau faillit même mourir si la demoiselle en détresse ne l'arrêta pas, comme si … Comme s'il était en transe.

Enfin éloignés de la scène, la jeune femme les remercia et demanda … Non, ordonna aux gamins de ne jamais parler de tout ça, à qui que ce soit. Il était un descendant, un mutant naturel et personne ne devrait le savoir, jamais. Quelques jours plus tard, cette femme, Lea, fit les démarches pour l'adopter et lui révéla un petit secret, sa mère était une descendante aussi et, elle pourrait peut-être l'aider. Même si elle-même n'avait pas eu la chance de recevoir ce don, elle connaissait la théorie et l'aida à apprivoiser ses capacités, l'incitant à ne jamais écouter cette voix, jamais. Cela pourrait vriller, cela pourrait partir loin et, il valait mieux ne pas faire quelque chose qu'il regretterait. Durant les années qui suivirent, sa vie changea, pour le mieux. Aimé, choyé, mangeant à sa faim et n'ayant plus froid, jamais … Jamais Amos n'aurait imaginé qu'une telle chose puisse se produire. Cela ne l'empêcha pas de voir ses frères et sœurs, leur apportant de temps en temps ''discrètement'' de la nourriture, mais, bien entendu, sa chère mère en était consciente, achetant toujours plus, pour lui permettre de jouer les héros, empli de fierté et de bonheur.

Il aurait aimé que tout cela dure pour l'éternité, mais, Détroit ne fut jamais une belle ville. Peu après ses seize ans, sa mère se fit abattre, un règlement de comptes entre deux gangs rivaux, se retrouvant simplement et malheureusement au mauvais endroit, au mauvais moment. La haine, la rage, la colère et la tristesse … Tout ça l'assaillit à un point inimaginable, ne nourrissant que plus encore la Bête qui ne demandait qu'à sortir. La police ne put rien faire, manque de preuves qu'ils disaient, alors … Alors, Amos fit ce qu'il avait à faire, même si cela lui faisait rompre sa promesse, de ne pas écouter cette petite voix qui lui disait de les massacrer, tous, jusqu'au dernier. Personne ne parlait à la police, mais … Tout le monde savait, tout le monde savait qui était responsable. Alors, sans grands soucis, l'adolescent retrouva les responsables, qui étaient fiers de cet échange de feu. Ils furent les premiers à se moquer de lui, de sa petite taille, en lui disant de partir, avant d'être effrayé par ce visage qui changea, pour laisser place à des yeux noirs, une absence de conscience, de remords, de retenue aussi. Ils furent ses premières victimes, tous, exécutés dans un carnage sanglant, sans pour autant que le jeune homme ne se souvienne de quoi que ce soit. Du moins, pas tout de suite, car, durant des années, cette scène revint le hanter, régulièrement, pendant ses nuits, le réveillant régulièrement en sursaut et en nage. Un prix ridicule à payer pour ce qui devait être fait.

Un dernier adieu à sa mère, récupérant son collier qui avait toujours orné son cou et Amos disparut dans les méandres de la ville. C'était un bijou fantaisie, qui ne devait rien valoir, mais, elle parlait de l'Irlande avec une telle nostalgie, se remémorant de ses voyages là-bas, son sourire était si doux, si beau, si chaleureux, c'était le souvenir qu'il voulait garder d'elle, loin très loin devant celle de son corps inanimé, criblé de balles. Au fond du trou, dans cet endroit empli de violence, il ne lui fallut guère longtemps pour faire de nouvelles mauvaises rencontres et se retrouver mêlé à des combats clandestins entre mutants. C'est ainsi que fut régie sa vie, durant cinq longues années, mettant sa vie en jeu régulièrement, nourrissant cette Bête plus, toujours plus, jusqu'à ce que toutes ses horreurs, toute cette violence, toute cette haine lui fassent perdre le contrôle. Les rennes semblèrent hors de porté et, la Chose prenait les pleins pouvoirs, enchaînant les carnages, toujours plus violents. Le jeune homme se réveillait parfois, couvert de sang et de blessures et, plutôt que de se demander comment, pourquoi, ou même d'essayer de savoir, il se contentait de se soigner et de se doucher, ne vivant plus que comme un zombi.

Cette situation aurait pu durer éternellement si la police n'était pas intervenue, démantelant le réseau entier avant de l'envoyer en prison, lui aussi. Ils n'avaient que peu de choses sur lui, après tout, si la justice avait eu vent de tout ce qu'il avait fait, des carnages provoqués, jamais il n'aurait pu sortir de ce trou. On l'affilia au réseau, sans grande conviction, le condamnant à seulement deux ans. Deux années durant lesquelles le jeune homme retrouva un certain calme. Ce n'était pas à cause de la bienveillance de ses codétenus, non. C'était simplement qu'une partie l'avait vu à l’œuvre et ne voulait en aucun cas réveiller la Bête, quant aux autres, les rumeurs circulaient suffisamment vite. Il n'y en eut qu'un seul qui eut la volonté de tester ses rumeurs, se faisant massacrer et laisser pour mort. Quelques billets offerts au bon gardien et, toutes les preuves contre Amos furent rapidement écartées, lui permettant de sortir à la fin de sa peine.

C'est à la sortie de celle-ci que sa route le mena vers Los Angeles. Pourquoi ? Seraph ? Sparte ? Les superhéros ? Non, tout ça … Tout ça, le jeune homme n'en avait rien à foutre. Non, simplement que, l'endroit semblait regorger d'opportunité et, peut-être … Peut-être que la Bête serait acceptée là-bas. C'est ainsi que commença sa nouvelle vie, dans les bas quartiers de la ville, où il se sentit comme chez lui. Le jeune homme trouva d'abord des petits boulots, sans la moindre importance, sans le moindre intérêt, mais, bien vite, les combats clandestins revinrent dans sa vie. N'était-ce pas là la seule chose dans laquelle il excellait ? On faisait combattre mutants contre mutants, le tout, pour un beau paquet d'argent alors … Pourquoi refuser ? Au sein de ce cercle étrange, le nouvel arrivant se fit rapidement un nom, une réputation et fut même respecté, puis apprécié par l'entourage. Étonnamment. Pourquoi devait-on l'apprécier pour ses carnages ? Pour l'argent rapporté ? Pas seulement, certains semblaient particulièrement friands de voir la Bête à l’œuvre, de voir comment elle se sortirait des pires situations. Cela l'amena aussi à travailler avec des gens peu recommandables, mais étrangement réglo dans les affaires. Des missions, des exterminations où il fallait faire passer un message. Son œuvre et ce qui en résultait suffiraient à effrayer ceux qui recevraient le message. De nouveaux travaux plutôt bien payé, facile, en général. Voilà ce qu'était devenue sa vie, depuis.