I think we have to do forbidden things ; otherwise we suffocate.

[10.11.2000] Naissance de Poppy, St. Petersburg - Floride.

[05.08.2003] Naissance de Joy (petite sœur). St. Petersburg - Floride.

[2003-2006] La famille déménage à Kenneth City pour des raisons économiques. Malgré les tensions intrafamiliales, le couple Lowe persiste contre vents et marées, pour faire bonne figure. Parce qu'ils ne connaissent que cette vie. Pour le meilleur et pour le pire. Des crises de nerfs, des coups, de la vaisselle qui vole et se brise. Matthew Lowe était un homme bon, la vie l'a fait devenir irascible. L'argent est un problème omniprésent.

[xx.xx.2006] Matthew Lowe tombe dans l'alcool.

[2006-2016] Mutation inonde son être ; du miel à ses veines.
Sans qu'elle n'en prenne conscience. Adolescence tranquille, premiers émois amoureux. Elle ne fait pas de vagues. | La destruction de St. Petersburg est un choc sans en être un. Trop jeune pour se rendre compte de toute l'ampleur de l'horreur et de la détresse humaine qui en découlent. | Afflux soudain de réfugiés, des associations se créent pour venir en aide aux sinistrés. La mère de Poppy, Poppy elle-même et Joy participent bénévolement sur leurs weekends à l'entraide, pendant près de trois ans.

[01.06.2019] Une dispute, encore. Dans le salon, les hurlements. Des coups sur maman puis des coups sur Poppy qui veut protéger maman. C'en est trop.

[02.06.2019] Mutation se développe, la tire hors du schéma familial ; la pousse à s'extraire du labyrinthe empli de violence. Poppy et Joy ne rentrent pas à la maison. Poppy embarque Joy dans ses bagages. De minuscules, ridicules économies grâce à ses boulots d'été, dans la poche.

[xx.07.2020] Poppy traîne, Poppy se pose trop questions. Poppy doit trouver un sens à sa vie et surtout prendre soin de sa petite sœur.

[15.10.2021] Poppy rencontre son premier amour, le vrai, le magnifique. Elle croit qu'ils passeront leur éternité ensemble ; bien au-delà d'une vie. Gosse de riche, il l'introduit dans le monde de la drogue, de la fête et de l'alcool. Ce 15 octobre pourtant, Poppy ne rentre pas au terrier retrouver Joy ; Poppy est victime d'un accident de voiture dans la nuit.

[xx.11.2021] Passe près d'un mois à l'hôpital, en rééducation. Une cicatrice pour lui rappeler ses conneries lui court désormais le long du flanc droit. La famille de son petit ami paye les factures, lui fait un chèque et lui demande implicitement de fermer sa gueule tandis que son bel amoureux passe devant un juge.

[xx.12.2021] Le monde de Poppy éclate : son premier amour, le vrai, le magnifique, la quitte après avoir échappé à la justice grâce à l'influence de ses parents et leur argent. Joy promet de rester avec elle, toujours. Qu'elles seront ensemble dans tout et pour tout. Joy tente de calmer les pleurs inarrêtables de Poppy.

[2021-2023] Mutation se cristalise, Poppy s'étrangle aux années. Traverse une bonne partie des États-Unis, cherche à se stabiliser, cherche de quoi bouffer. Cherche de quoi fonder une famille. Enchaine les relations sans lendemain. Quelque chose dans son cœur est cassé. Erre plus qu'elle ne vit. Subsiste pour sa sœur. Direction à suivre dans son monde déboussolé.

[2023-2025] Revient en Floride, s’installe à Miami. Veut retrouver le soleil sur sa peau, revoir l’océan. Elle y trouve un job d'archiviste – suivant ses études de rats de bibliothèque. Emménage dans un petit appartement confortable à la lisière de Wynwood – le quartier des artistes, qu’ils disent. Ses dernières économies y passent. Comprend qu'elle ne quittera pas de si tôt la côte. Poppy, Joy ; à deux toujours à deux ; dans un cosmos de duplicité en multiplicité qui bientôt les écrasera.

[xx.12.2025] Poppy découvre l’univers sous un nouveau jour ; Poppy découvre qu’il existe bien plus que tout ce qu’on lui a enseigné. Les capacités mutantes d’un homme l’enveloppent et morcellent. Elle croit mourir, elle croit cauchemarder, elle croit délirer. Le tout en moins de deux minutes chrono. Manque de peu savourer les limbes éternels, dans l’heure qui suit. Des invocations, des Dieux et des créatures mythologiques se bousculent dans l’étroitesse d’un logement. Forcés de faire équipe pour s’extirper d’un gigantesque merdier, Poppy fait la rencontre de son ravisseur et sauveur : John Hunnigan. Après le bordel intersidéral où se sont ouverts quelques portails, John comprend le rôle de Poppy dans tout ce cirque, lui expose les faits : elle est une mutante, d’accord. Mais pas n’importe quelle foutue mutante. Poppy est l’incarnation du vegvísir sur Terre. Dans la foulée, Poppy croit judicieux de lui exposer ses propres faits : elle a faim, soif, froid (c’est qu’en se matérialisant dans le petit salon désormais ravagé, elle est apparue dans sa tenue d’Eve) et elle est extrêmement frustrée. Et elle le sait à s’en retourner les tripes, elle est également sa Destinée. Oui, sa Destinée, et pas seulement son connard de vegvísir. L'attraction tel un aimant sur une porte de frigo (bouleversée, encore, elle n’a pas trouvé mieux pour imager ses propos).
Il lui faudra trois jours, à John, pour digérer l’affaire.
Il lui faudra trois jours supplémentaires pour qu’il accepte le phénomène.
Une semaine, une putain de semaine à gémir et tergiverser ; quand il lui aura fallu moins d’une heure pour la sauter. Une baise incroyable, à faire vibrer les murs. De sorte qu’elle n’aura de cesser de lui répéter, plus resplendissante que jamais : tu vois, j’te l’avais dit, on est carrément destinés. Ce qu’il ne pourra définitivement pas nier. Poppy le guidant vers une extase des sens qu’il leur faudra, évidemment, très vigoureusement et longuement réitérer.

[2025-2028] fin 2025 - Joy quitte, poussée par l’élan de Poppy, la Floride. Une offre d’emploi qu’elle ne peut refuser. Obtenue grâce à Poppy et ses judicieux conseils. | Poppy abandonne dès 2026 son boulot d’archiviste. Elle a trouvé une nouvelle passion dans la vie : John. Bien loin de ses délires métaphysiques et ses déboires démoniaques, John irise son existence de mille et une étincelles. À son contact, elle absorbe autant de connaissances que son petit crâne le lui permet. Sa mutation au contact de celle de John gonfle puis explose, ne paraît plus avoir aucune limite. Elle ne se rend pas compte qu’à danser sur les contours des possibles, Poppy s’esquinte la santé. Souvenirs entortillés à ceux des autres, mémoire fractionnée, elle perd momentanément pied. John l’empêche de sombrer ; John la guide à travers la réalité quand tout paraît se disloquer. C’est à ce moment-là, qu’au-delà de ses prophéties de Destinée, elle comprend toute l’importance de ce grincheux dans son horizon. Si Poppy est une boussole, c’est grâce à lui qu’elle ne perd jamais le Nord.

[2028] John et Poppy quittent la Floride, entament un périple à travers non pas uniquement les États-Unis mais le monde tout entier. Le globe regorge d’artefacts à déterrer. Réel ou pas réel, une question qui trop souvent résonne entre eux. Réel ou pas réel, Poppy demande, Poppy réclame et John ramasse et rassemble ses raisonnements désorganisés.

[2029-2033] Six ans à ne pas s’éloigner, à barouder et surtout à s’aimer. Poppy est folle de son gros grincheux, qu’importent les disputes puisque toujours les réconciliations se font avec quelques baisers, des promesses de jours meilleurs et le réconfort de ses bras.
Une vie simple, dépourvue des angoisses qu’elle a toujours éprouvées. Une vie extrêmement compliquée, à la vérité, et qui devrait l’immoler sur place tel un brasier d’anxiété. Mais avec John, Poppy voit la vie en rose même quand il fait très noir.
Le contact avec sa sœur, Joy, maintenu grâce au téléphone, et des cartes qu’elle lui envoie de chaque jolie ville qu’ils sillonnent.
C’est important de garder des souvenirs, qu’elle ne cesse de répéter. L’appareil photo que John lui a offert à son anniversaire – le premier qu’il a pu lui souhaiter – qu’elle ne lâche jamais. Des clefs USB pleines à craquer des images de leur vie, de leurs périples et de leurs petits nids douillets. Un besoin pathologique de ne pas oublier – de ne pas s’oublier, de ne pas l’oublier. Un besoin viscéral expérimenté par sa petite tête qui parfois se fend et la laisse désemparée.

[2033] Pourquoi la Californie, pourquoi Los Angeles. Poppy n’en sait rien, et n’en a pas grand-chose à faire. Le climat, elle l’adore, n’est-ce pas suffisant. La petite gamine de Floride retrouvant les températures, l’environnement cher à son cœur. L'âme éprise, toute à lui et ses secrets en fantaisies qu’elle aiguille, fascinée.