shakespeare of yours ☽

Elisabeth Séraphine Hopkins (de Normandie) est une petite fille gâtée et choyée. Elle naît sans encombre, même si les vingt-quatre heures de dur labeur de sa mère et son épisiotomie la vaccinent de l’envie de lui offrir un petit frère ou une petite sœur. Gabrielle de Normandie est une femme qui n’aime pas la douleur, et elle comprend bien rapidement que s’occuper d’une petite fille turbulente est presque plus difficile que de la mettre au monde.
Car « Lise » comme elle aime l’appeler, est une petite fille pleine de vie (trop, peut-être ?). Gabrielle rêvait d’une poupée à vêtir, une petite blonde qui la suivrait dans ses jupons sans jamais lui poser de question. Dommage. Car le point d’interrogation devient la ponctuation préférée de Lise, juste avant le point d’exclamation, qui accentue la moindre de ses phrases colorées. Car Lise est une enfant « arc-en-ciel », comme dit son père. Tom Hopkins l’appelle son petit rainbow et l’enfant s’attelle très tôt à ne pas démériter à ce titre.

Mais voilà, on ne demandait pas à Lise d’être si colorée, et si cela ne choque pas son père, sa mère amoureuse de sa haute noblesse a plus de mal avec la vitalité de sa fille, comme l’appelle poliment. Car Gabrielle est une femme à toujours bien tourner les phrases. Ainsi, Lise n’est pas turbulente, elle est pleine de vie, pas trop bavarde mais manie les mots avec de l’avance sur son âge et autres euphémismes dont Lise a appris à se méfier. Car derrière chaque jolie phrase se cache bien souvent une pique. Lise aurait dû être une petite princesse dans son château, vêtue de robes blanches à fanfreluches ; elle aurait dû savoir jouer du piano, se taire (à la perfection), et aimer la valse. À l’inverse, Lise aime grimper dans les arbres, dévorer des bouquins (si possible, pas de son âge) et se bagarrer avec les garçons. Mais elle a bien compris que c’était plus facile de les attirer dans ses filets quand leurs corps se plaquent dans la boue qu’en voulant les forcer à jouer à la dinette. Pas qu’elle s’intéresse spécialement à la gent masculine – ce qui sera, plus tard, une autre récrimination de sa génitrice –, mais Elisabeth est une enfant terriblement curieuse. Et ça, sa mère n’a pas de paraphrase pour le tourner autrement.

Et sa curiosité ne s’arrête pas là. Lise grandit, et veut désormais qu’on l’appelle Lizzie. Elle apprend à monter à cheval, à faire de l’escrime, elle prend des cours de danse (de hip hop, mais sa mère ne le sait pas [encore, car tout semble toujours lui remonter aux oreilles…]), et elle écrit, surtout. Elle noie ses journaux intimes de mots et de maux, qui lui semblent insurmontable à son âge, mais qui ne seront bientôt plus que des broutilles. Elle brise des cœurs et se laisse briser à son tour, car la vie n’est qu’un juste retour des choses, et que sa curiosité l’emporte sur des pentes glissantes. Elle dévore Sade comme GRR Martin, très éclectique dans ce qu’elle aime – mais sachant pertinemment ce qu’elle n’aime pas.

Notamment l’ingérence de sa mère dans sa vie sentimentale – que ce soit au niveau de ses fréquentations amicales ou amoureuses. Et la fracture ne cesse de s’amplifier, surtout quand elle se met en tête d’aller vivre aux États-Unis. Pour décrocher le prix Pullitzer ou enquêter sur le crime organisé, elle ne sait pas encore (mais Esprits Criminels et New York Unité Spéciale, malgré leur charme désuet, n’ont plus de secret pour elle) mais elle veut y aller, alors elle ira. Parce que Tom l’a élevée pour qu’elle soit à la hauteur de ses propres ambitions, et sa mère lui a appris qu’une De Normandie pouvait obtenir tout ce qu’elle désirait, quoi qu’il en coûte.

Promesse à moitié arrachée, elle accorde à sa mère de réfléchir à un potentiel parti en échange de ses études à l’étranger. Ses vacances en Normandie ne sont donc que des bals et des rendez-vous arrangés, avec des hommes qui, soit ne comprennent rien, soit ne veulent pas comprendre (ce qui, pour Lizzie, est certainement pire encore). Les années passent, et elle refuse systématiquement les demandes en fiançailles, et sa mère s’impatiente.

S’impatiente tant et si bien qu’elle décide de lui couper les vivres. Mais Lizzie est une tête brûlée et elle aime un peu trop les maximes pourries pour son bien. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs.

Alors elle va en casser. Elle liquide son compte bancaire, paie les derniers frais de scolarité, et enchaîne des petits boulots pour continuer à manger. D’abord dans un restaurant miteux, où elle essaye d’oublier les mains baladeuses et les sous-entendus tendancieux. Puis, une de ses amies lui dégote un job dans un parc d’attraction ; c’est plus sympa, elle est avec des enfants, en plus. Elle a pas spécialement la fibre maternelle, mais au moins il lui caresse pas les fesses sans sa permission, ce qui est une nette amélioration. Elle contracte un prêt étudiant quand les journées ne sont plus assez longues et que le frigo n’est plus assez rempli. Elle se bat, comme une lionne, pour prouver à sa mère qu’elle peut s’en sortir, et que cela n’implique pas qu’on lui passe une bague au doigt.

Elle brise des cœurs.

Accepte qu’on brise le sien.

Encore.

Elle gribouille dans des carnets, qui s’entassent. Elle ne sort jamais sans, croque des instants de vie, des situations qui lui inspirent des bouts d’histoire.

Lizzie est enfin diplômée, avec les compliments de ses professeurs. Elle a de bonnes recommandations, une plume affûtée, comme ils disent. Mais tout cela ne lui sert à rien dans la vraie vie, quand on est pas aidé des relations de papa. Elle ne trouve clairement pas le job de ses rêves, finit par rédiger des nécrologies pour le journal local. Elle trouve aussi un petit emploi pour répondre au courrier du cœur dans une mini-tribune d’un journal cucul. Ça arrondit ses fins de mois.

Elle ne sait pas vraiment comment elle se met à écrire des fanfictions. Elle était peut-être en train de mater des photos dans un magazine People de The Defender. Il sortait d’une piscine, et l’eau ruisselait sur ses pectoraux incroyables. Tout plaquer pour devenir une goutte d’eau. C’est la première chose qu’elle a écrit au sujet d’un Primordial.

Clairement pas la dernière.

(Elle n’avouera que sur la torture que Firestorm alimente de grands brasiers de fantasmes aussi.)

Elle ment à ses parents, bien sûr. Elle ne peut pas leur avouer qu’elle passe sa vie d’écrivaine entre « John Smith, beloved husband, father and cheater » et « The Architect couldn’t help but be obsessed with an idea that both terrified and excited him; would kissing the supervillain would taste like a forbidden fruit? ». Elle n’a pas honte, elle, de prendre son pied à imaginer mille scénarii. Mais elle sait.

Une De Normandie n’écrit pas un plan à trois entre le chouchou de l’Amérique, Queen Athena et un vilain de passage.

Jusqu’à ce que les Primordiaux eux-mêmes s’en amusent. Jusqu’à ce que ses followers commencent à exploser, à tel point qu’on lui parle beaucoup plus sous son nom de Trinity que Lizzie. Lizzie qui est peut-être un peu morte, elle aussi, à force de rédiger des nécrologies.

Mais le rêve, lui, ne meurt pas.

Ne meurt jamais.

Seraph Inc., la contacte, lui propose un contrat, et little Rainbow is back on the tracks.

Enfin… qu’elle croit.

Parce qu’au final, personne ne sait que c’est Lizzie Hopkins qui écrit. Elle n’a pas de joli bureau dans les bureaux de la firme. Elle doit faire valider la moindre de ses virgules à des éditrices freelances qui ne pigent rien à la foutue licence poétique. Mais au moins, ses lecteurs sont là. Ils la soutiennent. Ils aiment ce qu’elle fait.

Mais malgré tout, Lizzie reste insatiablement curieuse. Alors elle se sert de cette nouvelle notoriété pour enquêter, comme elle l’avait prévu, à la base. Je le décrocherai, ce putain de prix Pullitzer. La vulgarité en moins.


2003 Naissance du divin enfant.

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2018 Fait ses débuts dans la société.

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2018 Remporte son premier concours d'écriture pour la première place, écriture d'invention sur la fin du monde.

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2019 Remporte le prix "Voix Emergente" pour son article au journal du lycée.

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2022 Est prise à l'université de Columbia, option journalisme grâce aux connexions de son père. Sa mère déteste l'idée mais accepte en échange de réfléchir sérieusement à l'idée de prendre un fiancé "de la haute". Elle devient major de promo.

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2025 Sa mère n'obtient pas gain de cause et déteste tellement l'idée de sa fille étudiant le journalisme option criminalité, qu'elle lui coupe les vivres. Lizzie devient donc indépendante et enchaîne petits boulots pour subvenir à ses besoins et poursuivre ses études.

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2028 Après des mois d'errance sans trouver "le job de ses rêves", elle se lance sur fanfic.net où ses premiers écrits remportent rapidement un vive succès, l'encourageant à créer son propre site internet xoxotrinity.com.

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2029 Seraph Inc l'approche et lui propose un contrat (plutôt juteux, au vu de sa situation). Elle signe.

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2020 Elle renoue avec ses parents, en leur mentant sur son métier actuel.