An appetite for gambling (( Jedediah ))

An appetite for gambling Ace of Spade | @Jedediah Saint-Denis

Une petite semaine avant le Boost - Juin 2033

Card of success.

L'appétit du gain, de l’argent, du pouvoir. Savoir faire attention, se restreindre. Un gain entraîne bien souvent une perte. Bien souvent une plus grosse perte. Les deux verres déjà servis. L’invité de la soirée qui se fait attendre. Chapelier, Papa comme le Marchand de Sable aime le nommer, n’est pas en retard, il sait simplement cultiver l’attente. De toute manière, Valery ne lui a pas donné d’heure de rendez-vous, simplement le lieu, la salle de jeu du Kingdom. De leur royaume. A eux, les têtes couronnées de la Cour Sacrée. Cherry bomb pour Sandman. Le cocktail favori du Chapelier pour Papa-Toussaint. Une ambiance qui flirte avec l'envie de flamber un pognon que l’on a pas forcément. Réunion entre eux deux uniquement. Pas une vraie réunion. Une soirée de détente, de lâcher prise. Ce n’est pas parce que l’on est criminel que l’on a pas droit à un peu d’amusement. Les jetons entre les doigts, il joue, machinalement, avec eux. Ils glissent entre ses doigts pendant que son costume blanc, chemise noire, fait presque trop habillé pour un casino clandestin. Il est là le problème de Valery, de Sandman. Toujours trop habillé. Là où sa gamine s’en fiche, arbore un jean, des couleurs, de la chatoyance adolescente à presque trente ans, lui, à la parfaite jonction entre la cinquantaine charmante et la soixantaine effrayante, lui se confond en couleurs sobres, en manque de couleur. En tenues sobres et habillées.

Le regard presque illuminé à la vision de l’invité de la soirée. Le grand Saint-Denis l’honore enfin de sa présence et le Marchand de Sable ne peut résister à l’appel de la bienséance que Maman a si bien su lui apprendre. Il se lève de son assise, deux pas, trois tout au plus jusqu’à son compagnon de soirée, la main droite tendue, l’autre dans le dos. Qu’ils se serrent la pince comme deux Rois de royaumes alliés. Les armes et les informations. Pas d’informations sans armes. Pas d’armes sans informations. Pourtant, les deux royaumes savent faire l’un sans l’autre, mais l’un avec l’autre, c’est une équation bien plus puissante. “Ravi de ta présence.” La main dans le dos sort de son terrier pour indiquer la table de ce soir. L’assise confortable, la vue pas dérangeante. Les cartes attendent les joueurs, les parieurs. “Comment va la princesse ?” Question de politesse pour engager la conversation. Il sait, Covington, comment elle va, la Princesse. Il l’a vu récemment.

An appetite for gambling Ace of Spade | @Valery Covington

Une petite semaine avant le Boost

Le Kingdom a toujours été un endroit qui amusait beaucoup Papa Toussaint. Tous ces gens prêts à tout pour gagner, incapables de se rendre compte qu’ils se faisaient en réalité parfaitement plumer. Rien de plus entêtant que le bruit lointain d’un Jackpot pour faire croire au couillon qui vient de perdre pour la centième fois que la prochaine sera la bonne. Et le fait qu’il s’agisse du seul casino ouvert - puisque l’état de Californie dans sa grande sagesse interdisait les salles de jeux légales - faisait que peu de gens n’avaient ne serait-ce que l’idée de se plaindre de flamber flamber et flamber sans jamais rien remporter.

Sa canne dans la main pour marquer le pas, c’est comme à son habitude en sifflant quelque chose de morbide et joyeux à la fois que Jedediah passa les portes de l’entrée de la salle du jeu et du vice pour venir rejoindre Sandman. Valery. Valoche, quand ils auraient avalé un peu plus de cocktails que de raison et qu’il leur viendra l’idée d’essayer de plumer des gens à une table.

Comme à l’habitude, c’est tout en hauteur qu’il débarque. Sa redingote infernal, bien plissé. Son chapeau gigantesques. Ses breloques. Tout. Ses pas l’amènent face au Marchand de Sable avec qui il échange une poignée de main virile et engagée. Parce que c’est encore comme ça qu’on salut le mieux un ami et quand le monde de requin dans lequel ils évoluaient, c’était à peu prés comme ça qu’il convenait de considérer Covington.

« Allons, il est question de verres et de jeux. Tu sais que je ne pouvais pas résister… »

Une tape sur l’épaule, un sourire grandiose, l’instant d’après, il avait posé son auguste séant sur la chaise, à la table désignée par Valery. Là l’attendait déjà un cocktail Zombie. Son préféré, pour l’ironie autant que pour le rhum. Il aimait la variante. Celle avec un Rhum Vieux pour remplacer le blanc et juste un peu d’eau de coco et de canelle. C’était le cas ici.

« C’est à toi que je dois ce choix ? » Lui et les tonnes d’informations à sa disposition, il voulait dire.
Pas d’accusation dans le ton, toutefois. C’était de bonne guerre. Au même titre que de son côté, Guédé Loraj lui apportait nombre de précieux petits dossiers. Le savoir est définitivement une arme.

« Oh la princesse va bien. Probablement à vaquer à l’une de ses activités préférées… »

Dissection, torture, braquage de banque, tuerie de masse. Il ne savait pas trop ce qu’elle faisait en ce moment, pour être honnête. En bon père catastrophique, il aimait l’idée de la laisser le surprendre avec de nouvelles décisions particulièrement horribles. Tout l’amusait, pourvu qu’elle n’ait pas trouvé un moyen de rajouter de nouvelles hantises au domaine Laveau/Saint-Denis.

« Je crois qu’elle s’est un peu trop engouffrée dans une passion pour la démonologie. »

C’est un passe-temps comme un autre. Même si les sacrifices humains nécéssitent un peu trop de préparation à son goût. Bah, qu’importe.
Enfourna sa main dans sa poche, il en tira deux beaux étuis de cigare et les tendit vers Valery afin de l’inviter à en prendre un. C’est encore à deux, et en bonne compagnie qu’on apprécie le mieux ce genre produits de luxe.

« Et ton adorable petit grain de sable alors ? »

Entre pères, c’est probablement une conversation courante que de prendre des nouvelles des filles. Et pourquoi pas d’obtenir ou de donner des conseils d’éducation.

An appetite for gambling Ace of Spade | @Jedediah Saint-Denis

Une petite semaine avant le Boost - Juin 2033

Card of success.

Sa voix tonne, de ce timbre si particulier qui lui est personnel. Lorsqu’il est question de boire et de jeux, il ne peut pas se retenir, il ne peut pas refuser. Tape sur l’épaule qui arrache le sourire miroir à celui du Chapelier. Cherry bomb. Zombie. C’est à lui qu’il doit ce choix de boisson. Valery se contente de hocher la tête de haut en bas, légèrement, discrètement. Tout en retenue. Il peut remercier les informations qu’il amasse au fur et à mesure du temps, des années à le côtoyer. Combien de temps qu’ils se côtoient, le Chapelier et le Marchand ? Un peu plus de vingt ans. Un peu plus de vingt ans qu’il accumule assez d’informations le concernant pour le hisser à la tête de la société comme le faire plonger. Mais il est un comme un ami proche, Papa. Jamais il ne viendrait à l’idée de Valery de lui planter un couteau dans le dos. Trop risqué. Inutile. Contre productif. Avec d’autres têtes, il ne se gênera pas le moins du monde. Shadow. Il ne se gênera pas pour dévoiler ce qu’il sait. Swann. Il ne s’est pas fait prier non plus. Pour la descendre. Presque littéralement. Installé, les jambes croisées, en vieux tic qui refuse de partir, malgré le temps passé à tenter de contrer cette mauvaise habitude, la princesse va bien. Probablement en train de s’occuper comme elle en a le secret. “Démonologie ? Rien que ça.” Impressionnante cette petite et ses lubies, ses occupations qui défient les lois de l’entendement. Il faut dire que c’est sans nul doute de famille, de quartier à ce stade. Le Sud, quelle belle merde. Et lui, son petit grain de sable. En bon père chaotique de son côté, il n’en sait pas plus sur sa fille. “Je dirais qu’elle est en vie et contente des derniers pancakes que je lui ai fait. Donc tout va bien ?” Il n’en sait clairement pas plus sur sa propre marmaille. C’est que le grain de sable, comme il sait si bien le lui répéter, n’a plus 10 ans. Elle est libre de faire ce qui lui chante quand cela lui chante. Les cartes distribuées devant eux, le coude sur la table, le verre dans l’autre main. Le brun, anciennement bouclé, bouclettes héritées par sa progéniture, laisse le jeu commencer.

Un regard à ses cartes. Regard furtif. Une à deux gorgées de son verre et le regard se porte sur l’ami, l’aîné, mais aussi, ce soir, en lieu et place du Kingdom, son rival de jeu. Il sait le Chapelier friand de jeux d’argents. Mais ce soir, pas d’argent en jeu. Enfin si, mais il y a bien plus que quelques jetons et peut-être, plus tard, les clés d’une voiture. Au milieu de ses jetons, Valery y dépose un bout de papier. N’allez pas croire qu’il s’agit là d’une information capitale. Il n’est pas aussi débile, le Marchand d’influence. Il ne joue pas aussi bêtement des informations délicates. Parfois, il joue simplement au bluff. Il peut simplement mettre un bout de papier avec une liste de course. En se foutant de la gueule de son adversaire. Mais pas avec Jedediah. Il s’agit d’une réelle information qui pourrait l’intéresser. Quelque chose attrapé à la volée d’une conversation lorsqu’il rendait visite à ce cher Saint-Loup. “Cela ne vaut peut-être pas grand-chose, ce sera à toi de me dire, si tu le gagnes. Ce bout de papier.” Il joue avec la curiosité. Il joue dangereusement. Il a choisi le Chaos au petit déjeuné, ce con.

An appetite for gambling Ace of Spade | @Valery Covington

Une petite semaine avant le Boost

Pas bien inquiet de savoir que Sandman sait ce qu’il aime boire, Jedediah considère même l’idée comme plaisante pour ce genre de moment. Parce qu’il est plaisant d’arriver à une table et d’être déjà servi. Restait à craindre l’éventualité de couteau dans le dos - et de poison dans le verre, dans ce cas précis - mais le Baron Samedi aurait été un piètre Lwa s’il craignait la mort. Au mieux, il regretterait le manque flagrant de panache dans l’idée d’un banal empoisonnement.
L’heure n’est pas au complot, de toute manière, mais aux échanges courtois et aux prises de nouvelles. L’Enfant du Marchand de Sable semble en bonne santé, c’est tout ce qui compte.

« J’imagine que c’est effectivement une preuve que les choses vont au mieux pour elle. L’appétit en dit toujours long. »

Et de manière générale, Papa Toussaint était à peu prés sûr que la pomme n’était pas tombée loin de l’arbre. Les chiens ne faisant pas des chats, il savait qu’il n’y avait pas de raison de s’inquiéter réellement de l’avenir de la jeune Covington. Si quelqu’un savait sortir son épingle du jeu en toute circonstance, c’était bien ces deux là.

« J’envie ta capacité à lui faire toi même tes pancakes, d’ailleurs. J’ai pris l’habitude de déléguer. »

Les Zombies peuvent être de vrais cordons bleus quand on les choisit bien. Am Stram et Gram faisaient des servants formidables, il faut dire. Et le plus doué au fourneau du lot savait précisément quoi faire pour contenter la Divine Enfant lorsqu’elle exigeait… ce que ni Jedediah ni Victoire n’auraient la patience de faire, d’ailleurs.

Bref, son verre en main, il avala quelques courtes lampées pour profiter un peu des saveurs tout en poussant sur la table une carte d’un tout autre jeu. Si l’un misait une information, lui miserait des années de vie. Trois, à en juger par la valeur de la carte posée là. Petite mise pour commencer. La soirée n’en était qu’à ses prémisses.
Ses doigts larges mais agiles virent finalement tirer sur l’emballage de son cigare qu’il casa entre ses dents après l’avoir proprement coupé, et l’avait fait rouler de manière experte pour lui trouver la place précise entre ses lippes. Allumette, la tête s’embrase et c’est seulement quand les bonnes odeurs cubaines lui inonde les alvéoles pulmonaires qu’il prit le temps d’aller observer son jeu.

La distribution n’a pas été à son avantage, mais l’oeil luit pourtant de la malice de ceux qui savent qu’ils ont une bonne main. Un bluff gargantuesque pour bien commencer la soirée. L’avantage, c’est qu’il se sait très bon acteur. Le désavantage : c’est qu’il sait que Valery le connait parfaitement et que ses petits tours ne fonctionneront pas. Alors oui, il pourrait tricher. User de quelques petits tours de passe-passe pour tirer une carte de sa manche et truander affreusement.

Mais ils sont ici entre amis et il n’y a pas de raison de forcer le destin. Au pire… ils plumeront les autres joueurs à deux. C’est encore la chose la plus drôle à faire lorsqu’on joue avec un ami, non ? Peut-être même qu’ils parviendront à se faire des ennemis ce soir. Et rentrer ivre chez eux, hilares d’avoir manqué de se faire bêtement crever à coup de surin par un gangster du sud mauvais joueur.

« Alors... est-ce que je vais rentrer chez moi en devant expliquer à ma femme que j'ai perdu beaucoup ? »

Regard songeur vers son ami, à la recherche d'une mimique qui pourrait trahir un bluff... ou à l'inverse, un regard trop assuré.

An appetite for gambling Ace of Spade | @Jedediah Saint-Denis

Une petite semaine avant le Boost - Juin 2033

Card of success.

L'appétit en dit toujours long. Un point d’accord entre les deux hommes. Aveu du Chapelier. Il envie sa capacité à lui faire lui-même les pancakes. Jedediah a pour habitude de déléguer ce genre de tâches. Les sourcils froncés sur le visage du Marchand de Sommeil. Pas certain de tout comprendre. Il délègue la tâche de nourrir sa fille ? Valery n’a peut-être pas été là depuis le début, il a sans doute des années et des années à rattraper, voir à se faire pardonner, mais le petit déjeuner, c’est sacré. Il ne relèvera pas verbalement l’incapacité de Jed’ à faire trois pauvres pancakes à la Princesse. Après tout, chacun sa spécialité. Si l’un s’amuse à pimenter d’un bout de papier non porteur d’un canular à l’image d’une liste de courses ou bien d’un pauvre émoji qui pourrait tirer un long râle de frustration, l’autre semble jouer, avec une fausse précaution, quelques années de vie. Le jeu de cartes n’est pas plus en la faveur de l’humain à la table. Un jeu ni mauvais ni bon, tout juste passable si l’on sait en faire quelque chose. Après tout, on le dit assez souvent, ce n’est pas la taille qui compte mais comment l’on s’en sert. Les regards échangés. Il pourrait mentir. Bluffer lui aussi, mais ce serait sans compter sur la capacité de Jedediah à connaître Valery, à savoir lorsqu’il tente l’arnaque, même la plus simple. Les voilà bloqués avec leurs jeux, le sourire en coin des lèvres. Les années. Le bout de papier. Ici, ils sont bien plus en qualité d’amis que de rivaux à la même table. Ils s'appliqueront à plumer les autres joueurs venant se faire trop curieux. L’image d’une soirée à boire entre amis, à se laisser porter par le faible air de musique en fond portant les râles de frustration de certaines personnes faisant déjà état de leur caractère mauvais perdant, à rentrer sur les deux jambes sans savoir comment ils ont fait, c’est une image de soirée amusante, hilarante même. Le regard de Papa se posant sur le comparse à la cinquantaine bien tassée, le sourire en coin à la voix. Est-ce qu’il va rentrer chez lui en devant expliquer à la Patronne qu’il a beaucoup perdu. “Qu’est-ce que tu appelles perdre beaucoup ?” Ton presque mielleux de l’arnaqueur. Magicien aux manches retroussées sur les coudes, au sourire laissant trahir une simple malice habituelle chez l’homme.

Il commence déjà à jouer au plus malin. Jeu entres amis, on a dit. On se calme. Une tierce personne se rajoute au jeu. Le regard posé sur le nouveau venu, puis sur Jed. Le sourire d’autant plus présent sur la face du Marchand de Sommeil. Jeu distribué pour le perdant de la partie. Face aux deux monstres Sudistes, il ne peut que perdre. Le mensonge, l’arnaque, les faux semblant, c’est leur ressort. C’est leur came. Les cartes s’abattent les unes après les autres, le liquide du verre fini entre les lippes du cinquantenaire. “Hm …” Vocalise simple, le regard perdu sur son propre jeu. Un jeton de plus ajouté. Jouer le risque. Le risque de jouer.

An appetite for gambling Ace of Spade | @Valery Covington

« Ne me regarde pas comme ça, Valoche ! » Qu’il s’amuse à ce regard qui transpire quand même d’un peu de jugement, à juste titre, d’ailleurs. « Je suis un cuisinier affreux. » S’entendre se trouver des excuses l’amuse lui-même. Pourtant, c’est plutôt véridique. Les mains de ses servants éternelles sont bien plus habiles une fois au fourneau. Et même un simple Pancake pourrait bien devenir une œuvre de mort si cuisiné par ses doigts à lui. Manque de passion. Manque de talent. Manque d’envie aussi et surtout.  

Ce qu’il appelle perdre beaucoup, demande finalement le Marchand de Sable. Jedediah se demande s’il doit y lire un sous-texte indiquant qu’il risque de se faire plumer sur cette manche ou non. C’est tout le côté plaisant du jeu, il faut dire : le frisson. Et c’est bien le seul endroit où il se permet d’avoir des doutes et de faire preuve d’une forme plus ou moins notable de prudence. Parce que la vie, la vraie, celle en dehors des tables de jeu, n’offre rien à ceux qui le sont trop, d’après lui.

« Perdre plus que d’habitude, j’entends. »

Faux geste de réflexion, plus pour la forme que par réel besoin de réfléchir. Papa Toussaint chatouille l’éventail de carte qui se tiennent, face en bas, sur le tapis de la table et les surélève du pouce pour les regarder à nouveau. Son jeu miteux. Rien de royal. Toutes les couleurs et aucune suite. C’est un désastre du hasard et il le sait fort bien. L’idée l’amuse toutefois. Et parce qu’il n’est pas du genre à s’arrêter, une petite pichenette du majeur sur sa pile de jeton vient en propulser deux vers le milieu de la table pour relancer, avec une confiance parfaitement feinte, parce qu’il sait qu’il a déjà perdu.

Mais c’est tout le bonheur de jouer justement. On entrevoit le triomphe et le gain, en portant des œillères pour ne certainement pas voir les griffes de la défaite et des pertes qui attendent le moindre faux pas. Or, il y a souvent plus de faux pas ici que de coup de bol. Les Casinos sont ainsi faits. Personne n’y fait fortune à part la Maison.

Un peu de piment de plus à la table. Une pauvre âme chercher à se joindre à eux. Les lèvres de Baron se fendent en un sourire chaleureusement aimable. Une belle rangée de quenottes immaculée et une allure aussi affable et avenante qu’il lui était possible d’afficher. Cartes distribuées. L’inconnu consulte son jeu, bluffe un peu, sans doute, et relance à son tour. Bien. Ils ont une âme à financièrement malmener ce soit, donc.

« Bon et bien… je relance. »

Qu’il fait mine de se sentir obligé de dire, en repoussant à nouveau quelques jetons. Parce qu’il faut bien appâter un peu. Son verre, lui, voit le reste de son contenu disparaître dans son gosier. L’index gauche se lève pour attirer quelqu’un de la Maison et préparer une seconde salve, l’autre désigne tour à tour Valéry et le futur vrai perdant de ce soir, avec une oeillade pleine d’interrogation visant à leur demander si eux aussi, ont besoin qu’on les ravitaille à nouveau en matière de boisson. Ils ne sont pas ici pour faire preuve d’une incommensurable modération, de toute façon.