Parental Advisory

- Parental Advisory -

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C’est elle qui commande aux rumeurs maintenant. Grandes nouvelles. Jedediah ne sait pas s’il devrait s’amuser cette impertinence ou ordonner à Stram d’aller au plus vite à l’épicerie du coin trouver du piment pour le fricot à venir. Souffler sur les braises serait toutefois une idée plus qu’inutile. La maison était déjà affreusement bruyante. Y rajouter des cris, des pleurs et des menaces qui fuseraient autant que les objets que ces deux là pourraient probablement lancer dans tous les sens dans des élans colériques n’était pas du tout un programme qu’il souhaitait vivre aujourd’hui.

« Les premières pages des journaux sont toujours exagérées, tapageuses et servent des mensonges pour essayer de faire vendre Désirée. Ce n’est certainement pas une gloire de se retrouver sur l’une d’entre elle. Si parfaitement sordides aient pu être tes forfaits, j’aurais et de loin préféré un article au cœur d’une revue de criminologie. C’est bien plus à la hauteur de tes talents. »

Et de son éducation.

« Et toi arrête de te balancer comme tu le fais, ton gros front cogne le meuble et tu baves partout. Armand va encore devoir ramasser tout cet ectoplasme. »

Fanta dans le collimateur et son balancier de petit attardé fantomatique. Non content d’avoir à composer avec des poltergeists, il devait se coltiner le mongolien du cimetière. Jedediah avait une théorie sur la raison de sa présence dans ce monde. Il n’était pas coincé sur terre parce qu’il avait refusé de rejoindre la lumière, mais bel et bien parce qu’il avait été trop con pour comprendre le projet de ce long tunnel. À moins que ce soit le poids de son chromosome en trop qui l’ait empêché de ramper assez vite pour rejoindre les portes du Peyi San Chapo. Dans un cas comme dans l’autre, c’était ennuyant. C’est une maison de bonne famille ici, pas la cour des Miracles;

Retour à la source de tous les maux : Désirée, laquelle avait décidé de sortir le grand jeu et de jouer avec le feu - celui-là même qui risquait de cuir sous les écailles de ses protégés à sang-froid.
D’une main, le Roi des Morts s’était occupé de doucement tapoter le haut du dos d’une Victoire qui risquait de monter dans les tours. Un peu de tempérance. L’orage ne devait pas éclater maintenant.

« De la sauge et des sels d’exorcisme, ma Tempête. Voilà ce qu’il faudra ajouter aux piments qui manquent. »

Pour exorciser cette sale petite teigne immatérielle de Saturnin qui semblait avoir décidé de prêter main forte à la Petite Vipère. Il allait se retrouver enfermé dans une boîte à Dibbouk pendant quelques mois s’il continuait de faire des histoires.

« Et c’est pour recruter cette nouvelle fleur que tu as pris l’arbalète ? » Rappel obligatoire du vrai nœud du problème ici. « … pour tirer des carreaux sans avoir l’élémentaire politesse de les tremper dans du poison. » Il savait qu’il fallait au moins faire semblant de se sentir concerné par cette histoire de toxine faute de quoi les choses pourraient devenir drastiquement moins amusantes.

« Tu aurais même pu innover. Plutôt que de l’aconit et des poisons végétaux, tu aurais pu songer à du venin… ou des choses plus retorses. Du pus de moribonds… ou de la poudre d’Anthax. »

Et surtout, elle aurait dû cirer à nouveau la corde de cette relique médiévale qu’elle avait osé utiliser sans son accord. Des dizaines d’archers anglais et des chevaliers Bourgignons étaient morts à cause de cette merveille, elle méritait tous les égards du monde. Et personne à part lui n’avait l’air de se faire du mouron pour ce formidable outil au travers duquel des âmes étaient allés tout droits dans la fosse commune d’une campagne perdue du nord de la Francie.


« Bien sûr que non, tu n’as pas tort, mon Orage. »

Et même si ça venait à arriver, il lui donnerait raison tout de même, évidemment.

« Ah tu vois ! Je l’avais bien dit. Vulgaire. »

Sagement lové dans le dos de la Reine, ses bras se nouèrent autour de son ventre et son menton s’installa sur son épaule. Ses yeux, eux, restaient plantés sur la Divine Enfant.

« Et cette nouvelle recrue, donc. Est-ce que tu vas te décider à nous en parler plus en détail où il faut que j’envoie Loraj fouiner pour obtenir des informations de ma propre fille ? »

Bon… en réalité, il devait bien avouer qu’il aimait qu’elle ménage le suspense. Il en aurait fait de même. Mais il serait de bon ton de ne pas avoir l’air trop fier d’elle et de son petit spectacle du jour. Il devait faire semblant de désapprouver un peu ses pratiques. Après tout… dans cette famille, eux, parents, étaient supposés être le seul à pouvoir s’en prendre aux autres et à se jouer d’eux, non ?
@Désirée Laveau et @Victoire Laveau