Blood & tears. (Joan)

Autour de toi, Clay, c’est le bordel. Ca parle, ça crie, les gens courent et s’interpellent. Dans un cas normal, tu ferais partie du bordel ambiant, à voir ce que tu peux faire pour aider, et à rassembler des informations sur ce qu’il s’est passé, prêt à intervenir en représaille de la folie qui a eu lieu ce soir. Le fait est qu’il n’y a rien de normal ce soir. D’abord, parce que tu n’es pas agent de sparte, tu es une victime aux yeux de ceux qui t’entourent. Ensuite, parce que tu as été complètement dépassé par les événements, par ce que tu as vu et subi. Enfin, parce que tu as une autre préoccupation bien plus forte en tête. Tu t’acharnes à enchainer appel sur appel, les mains de plus en plus moite, l’esprit complètement obnubilé par ce sms resté sans réponse depuis des heures. Si t’as accepté de suivre les autres blessés jusqu’à l’hôpital, c’est uniquement parce que tu n’avais ni le temps ni l’énergie pour refuser, occupé par insulter ton téléphone et ta soeur, en tournant en lion. Sauf que tu en es là quand, tout d’un coup, Hope décroche.

« Tu es où ?! Tu attaques avant une brusquerie violente qui ne te ressemble pas.
-A la maison… Avec mes amis. Des larmes se font entendre dans sa voix. Mais toi, Clay, t’es où ? Tu vas bien ? Elle renifle, et tu sais qu’elle est paniquée elle aussi. Il y a eu des tirs, des gens étaient blessés et… et… dans la panique, j’arrivais plus a trouver mon code pin. Je suis désolée… Clay, tu es où ?
-Mon dieu. Tu pinces fortement l’arête de ton nez, en ravalant tes propres larmes. Je suis à l’hôpital je…
-TU ES BLESSE ?! Son hurlement attirent quelques regards sur toi.
-Non, presque rien. Tu pourrais te mordre la langue au sang pour ce mensonge, mais ce soir, c’est plus important de la garder en sécurité chez vous que de dire ce qu’il en est. J’aide à évacuer les blesser. Tout va bien, d’accord, je dois rester un peu et je rentrerai. Elle pleure, tu l’entends clairement. Hope, chérie, tout va bien, je t’assure. Reste avec tes amis à l’appartement, d’accord ?
-Tu vas vraiment bien ? Insiste-t-elle.
-Je… Tu détournes les yeux, en cherchant le courage de redire un mensonge quand tes yeux trop pâles se posent sur un visage familier. Un bloc de glace tombe dans tes tripes, la panique refait un pic, et tu réponds sans même t’entendre. Oui, c’est ok. Je dois raccrocher, les gens ont besoin de moi. Tu m’appelles si y’a quelque chose. Elle murmure un ‘oui’. Je t’aime H. »

La seconde suivante, tu quittes le brancard sur lequel on t’a installé parce tu ne tenais presque plus debout quand les secours sont arrivés. Tes jambes sont celles d’un faon, tu es obligé de te retenir aux murs pour ne pas partir au sol. Il faut dire que tu as pris de multiples coups dans le corps, surtout cet impact de balle arrêté par ta tenue qui a déjà étendu un bleu noir sur tout ton flanc droit jusqu’à ton nombril. Et puis il y a le salle coup de couteau sur ton crâne, qui t’a fait perdre pas mal de sang maintenant et que les urgentistes ont arrêté avec une grosse gaze et un bandage autour de ta tête. Tu dois avoir une sacrée dégaine, mais t’y penses pas. Tu réalises pas que tu ne portes que le bas de ta tenue sparte, que ton torse est dénudé, plein de commotion, juste caché par une couverture de survie que tu tiens instinctivement sur tes épaules. Nan, tu ne vois que son visage que tu as aperçu une seconde, avant qu’elle ne suive le flux d’arrivant. Et quand tu arrives dans son dos, tu as ce mouvement complètement idiot, absolument inacceptable, viscéralement instinctif, de refermer les bras autour d’elle, et enfouir ton visage contre son épaule.

« Pourquoi t’es toujours dans ce gens d’emmerdes, Joan ? Ta voix tremble de toute l’émotion que tu as compartimenté jusque là. Tu es blessée ? Qu’est-ce qu’il s’est passé, putain ? »

Tu as forcé. Habituellement, tu connais tes limites à la presque perfection, tu sais quand tu dois cesser d'utiliser tes pouvoirs si tu ne veux pas risquer que ça ne dégénère mais ce soir … Ce soir c'était exceptionnel. Ce monstre difforme et énorme n'aurait pas lâcher l'affaire si facilement, alors tout comme les autres, ceux qui étaient auprès de toi, tu as tout donné pour l'arrêter.
Le résultat est sans appel : sans compter les nombreuses ecchymoses que tu as gagnées à cause de tes vols planés et des coups que tu as pris, tu es complètement hors service, complètement vidée de ton énergie. Il a fallu un long moment pour que tu parviennes à te tenir debout à nouveau, et que tu sois à nouveau en mesure d'avoir des pensées claires. Quand ça a été le cas, tu as immédiatement appeler tes parents grâce au prêt généreux du téléphone de l'un de tes collègues puisque tu as égaré le téléphone tout neuf que tu viens d'acheter pour remplacer celui que tu avais cassé en te prenant un entrepôt sur le coin de la tête il y a seulement deux jours. Décidément, Joan, quelqu'un là-haut à l'air de t'en vouloir particulièrement, tu ne crois pas ?

Toujours est-il qu'on en est là. Tu es retenue à l'hôpital parce que visiblement, le médecin qui t'a pris en charge craint que tu ne fasses un malaise de plus, il a soigné tes mains aussi, à cause des engelures. Encore une fois parce que tu as trop forcé. C'est la première fois que ça arrive, c'est dire à quel point tu as donné tout ce que tu avais.
C'est parce qu'il est sacrément occupé, que tu es parvenue à t'échapper du box dans lequel tu étais installée. Tes mains sont bandées, mais ils ont au moins fait l'effort de te laisser l'usage relatif de tes doigts. Nerveusement, tu en profites pour les glisser dans les poches de ton jean pour chercher ta carte bancaire ou au moins un peu de monnaie, tu as soif Joan, ta bouche est pâteuse comme si tu n'avais pas bu depuis des jours … Paradoxal hein, quand on sait que tu as passé des heures à patauger sur la place inondée.

Tu cherches un distributeur des yeux, et c'est au détour d'un couloir que tu te retrouves figée. Tu le vois de loin, tu t'arrêtes alors que Clayton s'approche de toi à une vitesse impressionnante compte tenu de son état. « Oh non … » Pas parce que tu ne veux pas le voir, non, mais parce que tu vois tout. En quelques secondes, tu as le temps de noter les ecchymoses sur sa peau, le bandage un peu grossier autour de sa tête, les restes de sang. Avant que tu n'aies pu dire quoi que ce soit, cependant, il est près de toi et ses bras viennent te saisir pour te retenir prisonnière. Tu souffles contre sa peau meurtrie. « Si je le savais … » Toujours pas d'explications claires, rien. Tu ne sais pas ce qui s'est passé, et t'as pas envie de creuser plus que ça maintenant. « Ça va … mais … toi. Clay … » Doucement, tu le repousses un peu pour l'observer. Il tient à peine debout, bon sang ! « Dans quel état est-ce que tu es … Qu'est-ce que tu fais debout … C'est … » Les larmes montent. Tu le savais, hein. Tu savais qu'il était quelque part en ville, probablement occupé à ramener le calme, tu espérais que ce soit plus simple de son côté que ça ne l'avait été du tien mais de toute évidence, tu t'es voilé la face.
Comme si tu avais de quelconques connaissances médicales, tu le scrutes un peu partout, le bout de tes doigts libres passent délicatement sur la peau noircie de son torse, de ses côtes. Tu sais reconnaître un impact de balle arrêtée par un gilet quand t'en vois un et ça te fais froid dans le dos. « Reste pas planté dans ce couloir, ça doit faire un mal de chien, viens … on va trouver un coin pour s'asseoir … » Et tu viens le récupérer contre toi pour le soutenir et le faire avancer, tu luttes pour retenir tes larmes, tu luttes contre cette boule douloureuse qui s'est formée dans ta gorge à la simple idée que tu aurais pu le recroiser à la morgue, aujourd'hui.

Tu te rends compte quand tu la vois, que tu refusais jusque-là ne serait-ce qu’envisager qu’elle était prise dans cette attaque à grande ampleur, si tu en crois ce que tu as entendu sur la nuit en ville. Tu as pensé à ta soeur, qui était dehors de manière sûre, mais tu as refusé que le nom de Joan passe dans ton esprit, non pas parce que ça allait te déconcentré, mais parce que, comme une croyance idiote, tu t’es dit que si tu n’y pensais pas, elle ne pourrait pas être en danger. Comme si refuser la réalité pouvait la rendre alternative. Et quand tu vois ses mains en bandage et les hématomes sur sa peau, franchement Clay, tu comprends toute l’inutilité de cette croyance et ton coeur explose.

Ca te souffle, ça te fait perdre retenue et contenance, et tu viens la serrer fort contre toi. Tu t’en fiches que l’on vous regarde ou qu’il n’y ait rien entre vous qui justifie un tel élan d’émotions. Tu la serres, tu t’inquiètes pour elle, tu voudrais effacer cette nuit de la réalité et recommencer autre chose, mais tu ne peux rien faire de ça. Tout ce qu’il te reste, c’est ce coeur qui bat de manière complètement disproportionnée et tes bras tremblants qui la serrent trop fort.

« Ca va ! Tu grognes quand elle repousse ta propre inquiètude à son sujet pour t’interroger sur ton état. C’est rien, on s’en fout ! Mais toi, tes mains et… Elle se recule pour t’observer, constater tes blessures et tu vois ses yeux brillants. Des yeux remplis de larmes, qui te coupe le souffle, et qui font retomber ta colère comme un soufflé raté. Joan… Ta voix est un murmure d’une douceur certaine. Ne t’inquiètes pas, ce n’est pas si grave. Tu lui offres même un petit sourire. Tout va bien. »

Et si elle effleure ton flanc de ses doigts, tu caresses sa joue des tiens. Tu voudrais chasser la peine de ses yeux, mais tu ne sais pas quoi dire ou faire pour y parvenir. Alors quand elle te récupère contre elle, tu acceptes de la suivre tout en sentant une nouvelle montée d’angoisse te dévorer. Parce que maintenant que tu l’as trouvée, tu te rends compte du monde autour de vous. L’hôpital est en effervescence, et ça te rappelle la foule sur le pont. Tes sens ne parviennent pas à cesser d’être en alerte, et d’un seul coup, tu craques. Tu l’attires par surprise dans un couloir interdit aux patients, et t’ouvres la première porte sur… une buanderie vide, pour la pousser dedans et refermer.

« Deux secondes. Tu commences, en refermant la porte, et en t’adossant dessus, comme si un monstre allait tenter d’y entrer pour vous achever. C’est… trop bruyant dehors. »

Trop tout, en vérité. L’ancien soldat voit le front et les attaques surprises qui ont laissé des marques sanglantes dans son âme. L’agent de sparte revit le Civil War et la pression gargantuesque d’éviter que ça finisse à sang et à feu. Clay, tu as encore l’impression d’être sur ce pont, poursuivi par les mutants en tenue noire. Et c’est pour ne pas flancher que tu plaques tes yeux de glace dans ceux de la jeune femme que tu cherches à protéger avec toi dans cet élan de fuite.

« Je peux… te reprendre dans mes bras ? »

Tu as besoin d’elle pour rester ancré dans la réalité, et t’assurer qu’elle est bien vivante.

C'est rien, qu'il dit.
Ça va.
Tu prends conscience, à ce moment-là, d'à quel point tu peux certainement agacer le monde entier quand tu prétends que tout va bien dans le meilleur des mondes alors que n'importe qui peut voir chez toi à quel point c'est pas le cas. Tu vois de tes yeux dans quel état il est, tu peux lire dans chacun de ses bleus à quel point ça fait mal. Et pourtant, tu ne dis rien, la boule douloureuse qui obstrue ta gorge t'en empêche, elle fait dangereusement monter les larmes jusqu'au bord de tes yeux et plutôt que de fondre en larmes sans explication à donner, tu préfères l'entraîner avec toi, trouver un coin où tu pourras le forcer à s'asseoir - au moins ça - parce que … Ouais, tu te dis que s'il est comme toi jusqu'au bout, il va finir par empirer son état.

Tu avances donc, sans grande conviction en cherchant des yeux un endroit plus ou moins calme ce qui est loin d'être gagné parce que ça grouille de monde, les urgences sont littéralement en surcharge, les box sont pleins à craquer et des civières portent des patients qui sont installés le long des couloirs. Tes nerfs se tendent déjà sous ta peau à l'idée de passer un temps infini à tourner en rond mais soudainement, te voilà happée, tu te sens tirée et tu perds l'équilibre l'espace d'un instant pour te retrouver dans … Une buanderie ?
La porte se referme immédiatement, faisant taire le brouhaha du couloir qui se trouve remplacé uniquement par la voix de Clayton. « D'accord. » Tu souffles. D'accord, c'est trop bruyant. C'est vrai. D'accord, parce que tu as compris immédiatement ce qui le dérangeait, et surtout pourquoi. Alors non, tu ne protestes pas, tu restes immobile, le temps qu'il reprenne tranquillement son souffle et un peu de son calme. Sauf que ça ne vient pas, pas tout seul. Et sa demande vient te déstabiliser encore davantage…

Encore une fois, sa proximité te remue de l'intérieur. C'est pire aujourd'hui, tes émotions partent dans tous les sens à cause des circonstances, de son état, de ton cerveau qui carbure un peu trop en tentant toujours de s'imaginer ce qui aurait pu arriver.
Tu hoches la tête. Tu acceptes silencieusement, mais c'est toi qui avance pour venir contre lui avec douceur, tu passes tes bras autour de lui mais tu le fais en tâchant de ne pas le brusquer, à ne pas appuyer sur les hématomes. Tu enfouis ton visage contre sa peau nue, il sent comme après une dure journée de boulot, mais sa peau est chaude et ça, ça te rassure parce que c'est le signe qu'il est vivant. « Je suis là … » Tu souffles, après quelques secondes. Un simple murmure qui n'appartient qu'à lui, tu es là et tu y restes aussi longtemps qu'il le faut. « C'est fini. Et on est vivants. C'est fini Clay. »

C’est à peine si tu es conscient de changer la route qu’elle a adoptée, pour l’attirer dans un endroit coupé du monde, alors autant dire que tu ne réfléchis pas un seul instant au fait que tu risques de lui faire peur. Tu es complètement dans un état second, comme si toute la pression que tu avais emmagasiné était en train de s’échapper par ton crâne et te faisait surchauffer les neurones. Tu ne réfléchis plus. Tu es en fait bien plus instinctif que tu ne l’as été pendant ces fusillades… et tout ça parce que tu croises Joan à l’hôpital ?

C’est quand tu t’entends lui demander si tu peux l’enlacer encore un peu, que tu comprends que t’es dans une merde noire. Tu t’es vraiment attachée à la lieutenant de police, même si tu ne l’as croisé que quelques fois. Tu t’es si bien entichée d’elle, que tu refuses de la savoir blessée. Si t’étais pas dans cet état pitoyable, tu quitterais l’endroit sur le champ pour trouver ceux qui l’ont blessé elle, et tu les écraserais au sol… Comme si elle était une de tes proches. Ou que tu avais des sentiments pour elle.

« Jo…an… Tu souffles maladroitement alors qu’elle te serre contre elle avec une douceur qui te réchauffe de l’intérieur et qui apaise la pression dans ta tête. Tu es vivante. Oui, tu es vivante. »

Tu as déjà frôlé la mort quand t’étais dans l’armée, tu t’es fait à l’idée de mourir sûrement d’autres choses que de vieillesse. Mais tu refuses que d’autres te suivent dans la tombe. Et quand tu répètes ça, tu te retrouves enfin à réagir physiquement à sa présence. Tes bras l’entourent, l’enlacent, la serrent fortement contre toi. Et d’un seul coup, ça t’emporte. Tu la soulèves littéralement contre toi, ignorant les douleurs dans ton corps. Ton visage s’écrase dans le creux entre sa tête et son épaule et tu inspires son odeur. Tu ne te rends même pas compte que tu bouges avec elle, l’éloignant de la porte, pour finalement la coincée entre le mur et toi. Tu trembles presque, tant tu retiens une violence étrange, paniquée, et quand tes lèvres se posent sur sa peau, tu te figes en comprenant ce que tu fais. Un tressaillement, et tu la reposes au sol, en inspirant à fond avant de t’écarter d’un pas.

« J’m’attendais pas à te croiser ici. Tu lui expliques soudainement, avec maladresse. Tu es blessée et… j’ai eu peur pour toi. Ta mâchoire se contracte, alors que tu ne peux pas détourner les yeux d’elle. Excuse-moi, pour… ce que j’ai fait. »

S’il y a clairement de la honte dans ta voix et sur ton visage, ton regard reste ardent. Tu ne peux pas reculer plus que tu ne l’as fait. Tu refuses de la laisser s’échapper de la proximité de ton corps. T’es en train d’inspirer mécaniquement, à fond, quand tu comprends deux choses : tu ne veux pas rester ici et faire ton taff (ou te faire soigner) et tu refuses de la perdre de vue. A cette idée, tu lâches :

« Partons d’ici. On va où tu veux, mais ne restons pas dans cet hôpital. Ton expression devient dure. Verifie que tes parents vont bien, et on va… on va… j’en sais rien, à l’hôtel si tu veux ! »

Tu ne réfléchis pas clairement.

Si tu te fais douce et rassurante, soudainement, c'est uniquement parce que tu as l'impression de sentir au plus profond de toi-même que c'est ce que tu dois faire à ce moment précis. Ce qu'il a besoin que tu fasses. Tu ne sais pas ce qu'il a vu, ce soir, mais tu sais ce que toi tu as vu et c'est bien suffisant pour comprendre et intégrer que pour certains, ce serait des mois de thérapie en perspective … Pour deux flics ou équivalents comme vous, c'est un ou deux jours, pas plus, le temps de hurler, de pleurer un bon coup et il faut que ça reparte, c'est comme ça, sinon on change de métier. Cette fois, au moins, c'est toi la mieux placée pour comprendre.
Sans probablement intégrer toute la portée de cette étreinte, tu donnes comme tu prends, parce que tu en as bien besoin toi aussi, pour faire refluer la nausée et éviter de penser à la suite, quand tu prendras en pleine face le bilan total de la soirée. Morts. Blessés. En combien est-ce que ça va se compter, hein ? En dizaines … en centaines ?

Soudainement, tu te retrouves emportée. Ca vient d'un coup, ses bras se referment sur ta silhouette, tes pieds quittent le sol et ton dos vient doucement heurter une étagère métallique qui tangue légèrement avant de reprendre sa place initiale. Tu sens le souffle de Clayton dans le creux de ton cou, avant d'y sentir ses lèvres furtivement, comme une décharge électrique.
Et ça retombe. Tes pieds retrouvent le sol avant que tu n'ai eu à réagir à sa fougue passagère, et l'homme s'éloigne d'un pas en te laissant pratiquement à bout de souffle, appuyée contre l'étagère derrière toi, les jambes flageolantes.
« Pour … » Les excuses. Les explications. Ça s'embrouille et ça s'emmêle, il te faut un petit instant pour comprendre le pourquoi du comment. « C'est rien … c'est … Ça va. » Bof. T'as l'estomac à l'envers et les entrailles en vrac, le cœur qui tambourine dans ta poitrine à t'en faire mal et le cerveau complètement déconnecté de toute forme de logique ou de raison.

« Mes parents vont bien. Ils sont à la maison. Le quartier à été épargné. » Plus ou moins, tu supposes, mais la maison familiale est intacte, ils ont eu la bonne idée de rester dans le noir et personne ne s'est approché du pavillon. « Tu peux pas vadrouiller dans ton état … » Et à la fois, t'es pas bien certaine de vouloir rester dans cet hôpital. Ça respire le drame, ça sent le sang et la poudre. « Viens. » Tu reprends sa main, et tu bouges à ton tour pour aller ouvrir la porte de la buanderie, le brouhaha du couloir te frappe à nouveau, te fait grimacer et finis de te convaincre. Alors tu avances en direction de la sortie du service des urgences, tu vois l'un de tes collègues qui patiente sur un banc, il va bien, il n'est pas blessé et quand tu l'approches pour l'interpeller, tu comprends qu'il tient à rester pour faire ce qu'il peut ici, pour ses collègues, ses amis, sa famille. Tu n'as aucun mal à récupérer les clés de sa voiture de service et après l'avoir remercié et promis de la ramener dès le lendemain, tu tires Clayton avec toi jusqu'au parking bondé et tu le fais monter dans la voiture de Police avant de te glisser au volant.

Tu ne dis pas un mot, tu te concentres à te frayer un chemin dans les rues chaotiques de Los Angeles, parfois, tu dois montrer ta plaque et jouer de ta position de flic pour passer les barrages, les contrôles, mais finalement, tu gares la voiture sur le parking étrangement vide d'un hôtel. Loin du motel miteux. Loin du palace de luxe. C'est un entre deux plus que correct dans lequel vous entrez pour être accueillis par une dame méfiante, encore une fois, tu montres ta plaque en guise de patte blanche pour obtenir une chambre sans prêter attention à ce que tu prends, tu payes et vous voilà enfermés dans un ascenseur, direction le cinquième étage, la carte magnétique dans la main, les yeux rivés sur la moquette rouge vif.

Ça aura eu raison de ta raison. Toi qui a vécu la guerre et la civil War, tu pensais pouvoir tenir face a bien des événements choquants et tu te trompais. Ce qu'il s'est passé ce soir n’avait rien d’une guerre, où l’on sait contre quoi on se bat et pour quelles croyances. Ce soir, tu as été un animal traqué qui luttait pour survivre et ça, c'est nouveau. Et tu vois, Clay, tu peux accepter d’avoir cette place difficile, ça te rend malade d’imaginer d’autres gens y être. Hope. Tes amis. Joan…

Tu dépassés les limites avec elle parce que tu es complètement chamboulé. Ça devrait te mettre la puce à l’oreille que quelque-chose cloche dans votre relation mais pour l’instant, tu es incapable de réfléchir et de prendre du recul. Tout ce que tu parviens à faire, c'est reculer avant de déraper plus et lui demander de partir d’ici. Et c’est sans résister, sans réfléchir à tes actes, que tu la laisses prendre ta main et t’entrainer derrière elle. Tu parviens juste à soupirer avec soulagement :

« Heureusement que tes parents vont bien… »

Tu ne les connais pas vraiment, mais tu serais devenu dingue s’il leur était arrivé quelque chose, c’est certain. Et c’est obnubilé par cette pensée que tu montes dans sa voiture de police. Que le trajet se passe sans un mot. Tes yeux voient mais ne retiennent rien. Tu ne tiques même pas sur l’air méfiant de la femme à l’entrée de l’hôtel, ni sur le fait que Joan paie de sa poche la chambre. Tu marches, la mâchoire serrée et la peur au fond des tripes.

« Qu’est-ce qu’on fout ? Tu souffles brusquement quand les portes de l’ascenseur se referment sur vous, vous isolant du reste du monde le temps de la montée. Je te fais faire n’importe quoi, parce que… parce que… p’tain, j’ai l’impression que je vais exploser. »

Tu attrapes ton front blessé d’une main, en inspirant à fond, incapable de la regarder dans les yeux. Et au même instant, les portes s’ouvrent sur un ding caractéristique et tu sursautes presque. Tes yeux se relèvent, balaient le couloir vide comme si une arme allait être braquée sur vous à tout instant et tu finis par y avancer d’un pas nerveux.

« T’es pas obligée de rester avec moi. Je vais… dormir et te rembourser. Et puis ça sera passé, ça ira mieux. Tu n’as même pas l’air convaincu par ce que tu dis, encore plus quand on sait les cauchemars qui te hantent depuis un moment maintenant. J’veux pas te forcer à quoi que ce soit. »

Et c’est peut-être ça qui t’inquiète le plus, Clay, puisque tu ne sais pas ce qu’il va se passer dans ton esprit si tu te retrouves seul avec elle, dans cette chambre, et avec ton esprit dans un merdier pareil. Tu t’arrêtes devant la porte de la chambre et avant qu’elle n’ouvre ou fasse quoi que ce soit, tu captures sa main dans la tienne, et tu lui fais, enfin, face. Tes yeux de glace se plantent dans les siens, alors que tes sourcils se froncent, te donnant un air bien plus vieux.

« Pourquoi tu fais ça pour moi Joan ? Pourquoi tu me suis comme si j’avais pas outrepassé la limite tout à l’heure ? Tu te penches un peu plus vers elle, ton visage désormais trop proche d’elle. J’sais pas si je me comporterai bien, si je m’enferme avec toi quelque part. Tes sourcils se froncent encore plus. Tu m’attires. »

Lâché comme ça, comme une bombe. Et tu es terriblement sérieux, là.

Aucun des choix que vous avez réussi à faire ce soir n'est logique, tout est complètement dénué de sens parce qu'aucune décision n'est prise avec la tête, ça manque de sang-froid, c'est fait sous le coup de l'émotion, de la peur, de l'adrénaline. C'est n'importe quoi. Tu devrais le raisonner, le ramener d'où il vient et le laisser entre les mains de médecins qui pourront garder un œil sur lui parce que, quand même, il est dans un sale état … Et toi, tu devrais rester dans les parages, ou encore simplement rentrer chez toi pour te reposer. Mais tu écoutes cette petite voix de la folie qui te souffles de sortir de cet endroit qui respire le drame pour aller vous cacher quelque part, trouver un refuge, un endroit qui sera susceptible de vous couper du monde le temps d'une soirée, juste ça. C'est pour ça que tu as l'air d'un robot, atrocement méthodique, silencieuse, tu te contentes mécaniquement : trouver une voiture, conduire la voiture, arrêter la voiture, payer une chambre, rejoindre cette chambre. Ce n'est que lorsque les portes de l'ascenseur se referment que ton mode « pilote automatique » se désactive pour te rendre le contrôle des choses - ou presque.

Tu commences par hausser les épaules en guise de réponse … Qu'est-ce que vous foutez ? C'est toute la question. T'en sais rien, Joan. N'importe quoi, sans doute. Pourquoi tu viens t'enfermer avec lui dans une chambre d'hôtel ? Ca n'a aucun putain de sens. Tu n'as pas de réponse à lui donner, tu n'as rien à redire à aucun de ses mots pour le moment alors, quand l'ascenseur vous libère à nouveau, tu sors de là toujours aussi silencieuse, tes yeux repèrent les numéros de porte et tu avances dans le couloir pour rejoindre celle qui est la votre. Tu l'écoutes, hein, mais tu ne sais pas comment réagir … Et ce n'est que lorsqu'il t'arrête devant la porte que tes yeux reprennent une lueur plus … vivante.
« Tu ne me forces à rien du tout, Clay … » C'est vrai, quoi. Il t'as simplement soufflé l'idée, il ne voulait pas rester à l'hôpital, tu aurais pu le forcer à retourner se faire soigner mais tu as choisi de ne pas le faire, tu es allée dans son sens et tu as pris le relais. C'est toi qui l'a embarqué avec toi, et c'est toi qui a conduit jusqu'ici.
En réalité, t'as probablement autant besoin que lui de te couper de tout ça, de faire comme si c'était jamais arrivé, de dormir, de te reposer, de t'isoler … Tu pourrais le faire seule, tu choisis de t'isoler avec lui, et tu sais pas trop pourquoi exactement. Tu ne veux pas te poser de questions, mais lui, il les pose, il fait fonctionner tes neurones quand tu voudrais tous les éteindre.

« Je … J'en sais rien. » Outrepasser la limite … Oui, peut-être. Mais tu l'as laissé faire. Personne ne te touche comme il l'a fait plus tôt dans la soirée, peu importe la situation, ou la raison, et encore moins quand il s'agit d'un homme. Mais tu l'as laissé faire, tu ne l'as pas repoussé, tu ne l'as pas planté au milieu de cet hôpital. T'as fait tout l'inverse. Et quand il approche à nouveau, tu sens bien qu'un truc cloche entre vous, ça fait souffler un vent de panique au beau milieu de ta poitrine et c'est pire encore quand il avoue ne pas savoir comment il va se comporter avec toi, ce soir, parce que tu l'attires … Et c'est ça, Jo'. Bien sûr que c'est ça. Il t'attire. Clay, c'est comme un putain d'aimant depuis que tu l'as croisé dans cette ruelle qui puait la mort. Et c'est pas bon. C'est pas bon pour toi, ni pour lui sans doute. C'est pas une bonne idée de continuer de l'approcher parce que tu ne peux pas céder, tu ne peux pas t'engager sur ce chemin là.
Pourtant …
Pourtant, tes doigts viennent effleurer ses lèvres toutes proches, si tu t'écoutais dans ce moment de faiblesse, tu pourrais venir les embrasser parce que t'as comme l'intuition que c'est le meilleur des moyens pour tout oublier. T'as comme l'impression que tu serais sacrément bien, dans ses bras, tu pourrais t'y perdre et c'est tout ce dont t'as besoin. Sauf que c'est trop, Jo. C'est trop intense, trop vivant, trop brûlant et t'as jamais ressenti ça. T'as été mariée, pourtant, t'étais persuadée d'avoir déjà donné, de connaître. Mais ça c'est inédit, t'as l'impression d'être au bord d'une falaise … attirée par l'idée de te jeter dans le vide pour tout ressentir, même pour quelques secondes, assez pour devenir accro, sans doute, repoussée par la crainte d'y laisser ton corps, ton coeur, ton âme, de tout y perdre.
« Il ne va rien se passer cette nuit … On va entrer dans cette chambre tous les deux, on va se glisser dans le lit, ensemble, et on va y rester jusqu'à demain matin. » Parce que si tu cèdes ce soir, tu ne pourras plus le regarder en face, et t'as pas envie de ça. « J'ai envie de rester avec toi, je veux dormir avec toi … me demande pas pourquoi, j'ai pas envie de savoir … pas ce soir. »

C'est un peu comme si tu freinais des quatre fers devant la porte de cette chambre, alors que tout ton être veut sincèrement y aller et s'y enfermer. Dans le fond, Clay, c'est probablement une de tes dernières parcelles de raison que tu mets en avant, de peur de faire quelque chose que la jeune femme qui t’accompagne ne pourra jamais te pardonner. C'est dire si elle compte déjà pour toi. C'est fou de te dire que tu préfères être seul ce soir, que de la perdre parce que tu ne sais pas bien te tenir. Tu meurs d’envie de la tenir dans tes bras, mais tu essaies de la repousser (ou au moins de la prévenir) parce qu’elle n’est pas n’importe qui pour toi…

Et forcément, tu l’interroges sur ses raisons à elle, pour être là avec toi. Tu veux savoir ce qui la poussé a laisser en plan son job et ses parents, pour te payer une chambre dans un hôtel. Mais la réponse n'éclaire aucune lanterne et ça reveille une inquiétude en toi. Peut être que votre duo n’est qu'une grosse incompréhension ? Qu'est-ce que tu veux d'elle ? Que veut-elle bien te donner ?

“Il va falloir que tu trouves une réponse, a un moment. Tu lui apprends, avec un air probablement un peu effrayant sur ton visage abîmé. Arrrh, Joan… C'est presque un ton douloureux lorsque ses doigts effleurent tes lèvres, n’aidant absolument pas ton self contrôle a perdurer. Tu n'aides pas.”

C'est une vérité, pas un reproche. A bien y voir, tu ne serais pas capable de lui reprocher grand chose, à cette femme. Aussi quand elle t’apprends comment elle imagine la soirée, ce qu'elle veut de toi et les réponses qu'elle ne veut pas trouver, tu fais un pas en arrière pour te soustraire a sa proximité. Ta main relâche son poignet et honnêtement, Clay, pendant une seconde tu envisages de rebrousser chemin, pour votre bien à tous les deux. Ça t’effleure. Ce serait le plus sage. Mais l'idée de l’abandonner là, de ne pas répondre a son besoin et de t'éloigner d'elle, t’est si douloureuse que tu finis par grogner et lui ôter le pass des mains.

“Ce soir alors. Tu es un peu plus bourru, et pourtant le regard que tu coules sur elle est bourré de douceur et de feu liquide. Mais ensuite, tu chercheras des réponses…”

Tu ouvres la porte rapidement, entrant dans une chambre toute simple bien qu’accueillante et chaleureuse. Un grand lit deux places trône contre le mur du fond. Une baie vitrée pas très grande donne sur la ville qui va bientôt s’éveiller. Un porte s'ouvre probablement sur une petite pièce d’eau. Rien de bien fou, mais largement suffisant pour vous.

“Au moins, je pourrai te tenir dans mes bras en dormant. Tu remarques en voyant le lit pour deux personnes. Je vais avoir besoin d’une douche. Tu t’es arrêté au milieu de la pièce principale, les deux mains dans tes cheveux encore tâchés de sang. Froide. Tu précises bêtement en soupirant. Tu veux commander a manger, en attendant ?”

Tu essaies vraiment de faire bonne figure et de te contrôler. Tu veux sincèrement lui donner ce qu'elle t’a demandé, lui prouver que tu peux t’aligner a ses besoins sans lui faire du mal. Tu veux juste être avec elle encore un peu, au final.

Dans quoi est-ce que tu t'embarques, encore, Joan ? Cette question, tu te la poses maintenant, mais il y a des semaines que tu devrais l'avoir dans la tête, que tu devrais cogiter. Parce que ça fait des semaines que c'est comme ça, que c'est bizarre. C'est facile, et c'est bien là tout le nœud du problème : c'est trop facile.
Quand tu as rencontré ton ex-mari, tu étais pleine d'espoir, tu avais déjà eu des aventures, des histoires courtes, mais celle-ci, elle durait et pour toi c'était la meilleure preuve que c'était fort, durable. Bien sûr, tu voyais les défauts de votre relation, mais tu te disais que c'était normal dans la vraie vie, et le mariage aura été la suite logique d'une relation qui semblait fonctionner. Jusqu'au divorce. Là, tu as eu l'impression d'avoir échoué dans ta vie personnelle, t'avais dépassé la trentaine, pour toi c'était trop tard, tu avais passé l'âge de trouver le grand amour, tu ne te voyais pas te marier à nouveau et d'ailleurs, c'est toujours le cas. Tu te vois pas te relancer là-dedans.
Mais quand ce gars-là est dans les parages … C'est systématiquement le bordel et c'est frustrant pour toi. Depuis le début, c'est presque comme si vous étiez liées depuis une éternité, ça parle sans langue de bois, ça s'approche sans crainte, ça se touche sans appréhension. Il vient chez toi. Tu vas chez lui. Ca n'a rien d'un feu de paille non plus, le genre qui se finit dans un lit le plus vite possible, qui se consume et qui se meurt. Ça brûle en continu, d'une certaine façon. Et ça fait chier. Et ça te perturbe. Et t'as pas envie de réfléchir et d'arriver à tes conclusions, tu te dis que t'aurais aimé que ça se dissipe aussi vite que c'est venu, mais à la fois, t'as pas non plus envie que ça s'arrête. La preuve … Tu choisis encore de rester.

Mais ouais, tu poses tes conditions. Tu vas pas coucher avec Clayton, et c'est même pas que t'en as pas envie : c'est ça le putain de problème en fait, t'en as envie. Mais ça ne doit pas arriver, pour plein de raisons. Pour commencer, depuis que t'es une femme divorcée, t'es la reine des histoires qui vont nulle part, des nuits par-ci, par-là, et jamais rien de plus. Tu ne veux rien de plus, et celui qui essaie d'obtenir davantage, généralement, tu t'arranges pour qu'il reste le plus loin possible au bout du compte. Ensuite, parce que c'est pas le bon moment du tout, si toi t'es pas spécialement en bon état, c'est pire de son côté et ce serait … ouais, tu préfères même pas imaginer. Et puis t'as peur. Ouais. Peur de faire une croix sur tes convictions, peur de devenir celle qui en redemande.

Du coup. Tout ça étant dit, on comprendra aisément que, non, tu n'as pas du tout envie d'avoir de réponses. Aucune. L'ignorance, Jo'. Dans ces cas-là, toi, t'es plutôt du genre à faire l'autruche. C'est bien, les autruches. « Okay … » Tu sais pas pourquoi tu dis que t'es okay. T'es pas okay du tout. Peut-être pour ça que tu laisses aussi docilement te prendre le pass des mains pour ouvrir la porte de la chambre. Ou que t'es aussi silencieuse quand tu entres dans la pièce. Ton regard balaye l'endroit, le mobilier, le grand lit, les rideaux grands ouverts que tu vas t'empresser de tirer comme si tu ne supportais plus de voir cette ville.

Dans quoi est-ce que tu t'embarques, encore, Joan ?
La question revient, quand tu tournes la tête vers Clay, planté au milieu de la chambre. « Vas-y … Je vais faire ça. » Toi aussi t'aurais bien besoin d'une douche froide, mais tu préfères la fermer de crainte de laisser échapper trop de mots à la suite de ton aveu. Quoi que.
« Sonne si t'as besoin qu'on te frotte le dos. »