Road Trip

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La zone avait été soigneusement choisie, au creux d'une montagne dans une vaste plateforme désertique, se noyant totalement dans la couleur du sable, pour plus de précaution. La grande bâtisse encastrée dans la pierre, les observait d'en bas, somptueuse, presque menaçante alors le système de sécurité ferait pâlir tous les organismes se vantant d'exceller dans les plus hautes technologies visant à préserver ses trésors enfouis. Même le gouvernement s'en arracherait la langue. Dona analysait l'infrastructure à l'extérieur des remparts, dans son petit camion et ses multiples écrans, cherchant à trouver une faille à travers laquelle son binôme pouvait s'immiscer discrètement, en évitant d'attirer l'attention. Ce qui n'était pas nécessairement gagné, avec un énergumène tel que Skye. Les forces armées rodaient également à l'extérieur des murailles, devinant aisément que la nature de cette frappe mise en place relevait de l'ordre de sujets mutants, renforçant également la sureté des lieux. Le bunker enfoui dans la roche se révélait au premier abord, être un fort impénétrable pour préserver ce qui se tramait dans ses entrailles. Mais si leurs informations demeuraient juste, les Spartan pouvaient espérer mettre le doigt sur ce qu'ils croyaient être l'un des endroits où se fabriquait la concotion détonante, le fameux Boost qui prenait la ville entière entre ses griffes. Un putain de laboratoire. Après tout, l'hypothèse de sortir en dehors du territoire pour créer cette merde n'était pas à exclure.

Son doigt tapotait sur son oreillette, afin d'évaluer la communcation sur bande privée, pour s'assurer que son collègue se tenait prêt à intervenir, positionné à proximité.  « Pas trop chaud ? » . C'est qu'il faisait une température horrible à l'extérieur alors même que son propre front transpirait sous l'habitacle.  « T'auras le droit à ce que tu veux en rentrant, quand nous serons sortis de ce merdier. ». Enfin, dans les limites du raisonnable. Dona connaissait l'engin, même si rien ne présumait d'une entente aussi constructive finalement depuis sa première rencontre avec lui. Puis son regard attiré par une alerte se levait vers un écran, révélant qu'un passage venait de s'ouvrir pour laisser entrer une cargaison, composée d'une myriade de camions. C'était le moment de se glisser dans les abords dangereux de la mission en rentrant dans le vif. Alors elle lui donna le signal.  « Ok Skye. C'est ton heure de gloire. Y'a plus qu'à croiser les doigts, peut-être qu'ils ont la climatisation à l'intérieur. » .

Elle souriait à travers son micro, se préparant à son tour pour le suivre de près -de très près- pour tenter de le guider au mieux et lui épargner des complications malvenues. Si la tâche devenait trop compliquée, elle priait fortement pour qu'il l'écoute et rentre au bercail rapidement. En tout cas, ce n'était pas faute de lui avoir rabaché au moins une dizaine de fois.  « Si tu sens que tu perds le contrôle de la situation, tu n'as qu'à crier Marsupilami, ok ? Je viendrai te chercher ». Elle essaierait tout du moins. Si elle cherchait à égayer la situation pour la rendre plus légère, elle n'en oubliait pas pour autant les risques et les objectifs allant avec : trouver des informations ainsi que des preuves irréfutables. Mais qu'importe ce qu'il pouvait advenir, Dona mettait à chaque fois un point d'honneur à faire rentrer ses hommes à la maison, car il n'était pas tolérable de les abandonner, quoiqu'il lui en coûte, même si cela pouvait s'apparenter à un suicide.

@Skye Lane

Road Trip @Dona Preston & @Skye Lane icons : ethereal edits

– Pas trop chaud ?
– Va chier.
Il goûte sa sueur, lèvre supérieure. La langue sortie récupère sa substance salée, déguste. Sur les papilles, ça excite. Skye s'emmerde. L’épaule calée contre un mur dont il peine à comprendre la fabrication, l’origine. Du calcaire. Peut-être du béton. Tellement de poussière qu’il se perd, s’aveugle à contempler le rien sur le rien des années de rien.
Ici depuis des minutes qui frôlent l’heure.
Autour de lui, les âmes dispersées. L’unité déployée sur la zone ; partout, des fantômes cobalt.
Bientôt, les connards à éliminer - faux, il faut les récupérer, les neutraliser ; il les fera exploser ; feu d’artifices, gerbes rouges, tableau divin - dans le complexe encerclé.
Il doit attendre. Attendre les ordres, attendre les informations ; attendre attendre attendre putain attendre encore combien de temps. Dans son uniforme, il fond. Deviendra sous peu une flaque. Dans son casque, sa tête qui éclate. Un œuf dur dans un micro-ondes. Les sons qui sont des voix les voix qui sont des sons. Les notes sans musique, les cafards dans sa tête. Ça lui rendre par une oreille et ça lui ressort par le nez. Narine gauche, il en est à peu près sûr. Il retient une envie subite de gueuler. Dents serrées.
– T'auras le droit à ce que tu veux en rentrant, quand nous serons sortis de ce merdier.
– Ah ouais ?
Dona s’ajoute aux cafards. Sa voix pour lui ravir l’intellect, brouiller son attention. Il quitte la contemplation d’une rainure ensablée.
Ce qu’il veut, ne sait pas encore. Avisera le moment voulu. Quand l’envie de gueuler reviendra et qu’il ne saura plus la contraindre entre les molaires. Il mâche son silence. Il mâche son impatience. Clébard renifle l’air aseptisé du casque et sa morve-purée de cafards glisse dans sa gorge. Fait profiter Dona à l’autre bout du monde - où est-elle, déjà ? Des mètres en kilomètres, aucune idée. Cervelle liquéfiée.
– Ok Skye. C'est ton heure de gloire. Y'a plus qu'à croiser les doigts, peut-être qu'ils ont la climatisation à l'intérieur.
– Reçu.
Il déconnecte. Son humanité laissée sur le pas d’une porte imaginaire. Sur le paillasson de l’entrée. À sa droite, le grincement des portes qui s’éventrent. Le bâtiment ouvre l’une de ses bouches. L’arme coincée contre son buste, les doigts s’y serrent. Les gants couinent contre l’acier. Respiration maitrisée. Les poumons se goinfrent une dernière fois de l’air chaud du désert, et le molosse se décolle de son bout de mur pour longer l’ombre projetée.
Les moteurs qu’il entend. Il compte jusqu’à cinq, hésite avec dix. N’a aucune foutue vision de l’endroit qu’il s’apprête à traverser. Se dit qu’il pourrait se faire abattre avant même d’avoir posé un morceau de semelle à l’intérieur.
– Si tu sens que tu perds le contrôle de la situation, tu n'as qu'à crier Marsupilami, ok ? Je viendrai te chercher.
Ne sait plus répondre, langue morte plaquée au palais.
L’épaule tape contre un coin de béton, le bras frôle du métal brûlant et, accroupi, il prend en visée ce qu’il s’apprête à envahir. Le gigantisme d’un entrepôt, éclairé par des néons blancs. Pas plus terrible que le soleil dehors.
– La température, il marmonne.
La température baisse radicalement. D’une chaleur étouffante, il croit débarquer au Canada, au pôle Nord. Il voit monter de ses sapes les volutes d’un brouillard, d’une buée formée. Le froid cristallisé quasiment sur la visière de son casque. Son crâne tourne à gauche, sa masse se déplace en silence, se coince dans un recoin. Derrière des colonnes de cargaisons empilées. Des caisses de bois monumentales qu’il frôle, des conteneurs à la surface givrée qu’il frotte. Il se coule dans la première rangée, s’écarte de l’entrée et des camions pénétrant l’endroit. File indienne qu’il ne regarde pas, qu’il entraperçoit entre les obstacles. Il renifle une nouvelle fois, avance ; suit le mouvement. Parallèle aux véhicules, à l’abri derrière les rangées de caisses qui n’en finissent pas. Se dit qu’un tremblement de terre provoquerait la chute, les hauteurs qui penchent et qui l’écrasent. Une bouillie de lui, qu’on ramassera à la cuillère. Ou la pelle ; pour aller plus vite.
– Quatre véhicules. Deux arrêtés.
Il parle bas, malgré le tonnerre des moteurs et des voix qui s’élèvent déjà.
– Il fait super froid.
L’euphémisme brisé par l’intervention d’un autre élément entré : Michael à l’autre bout de la zone transmet les informations sur le second canal. Il écoute, ne répond rien. Les degrés qui ont chuté, l’atmosphère métamorphosée. Une possible toxicité qu’il doit analyser. Des précisions sont demandées.
Skye a déjà le bout des doigts qui gèle, et le nez prêt à tomber. Un goût de métal sur la langue et une soudaine difficulté à respirer. Ça l’écrase. Une pesanteur désagréable, une compression de la cage thoracique. La peur qui devrait l’allumer, absente, toujours. Connectiques flinguées, cortex anormalement monté. Un sourire écorche sa bouille de môme cinglé et il reprend sa progression, s’approche ; ça parle une langue à laquelle il pige que dalle. Ça lui rappelle sa jeunesse foirée et le désert ; pas celui de Californie. Un désert qu’il préférerait oublier.
– Ils commencent à décharger.
Omoplates collées au bois d’un conteneur, il tente d’en voir davantage. Cherche à comprendre l’échange, cherche à discerner ce que renferme le premier camion dont le hayon a été soulevé.
– J’m’approche ou-
Ça grésille, crépite, aux tympans. Ça lui arrache une grimace de douleur ; décharge électrique à la tempe et la perte de repères, brusque. Le mouvement de recul est immédiat, l’arme ramenée contre son flanc et la respiration muselée.
Dans les veines, l’adrénaline galope. Son myocarde fait des bonds.
– Mama-
Il appelle. Il l’appelle.
Un murmure. Mother qui ne répond plus. L’unité qu’il ne perçoit plus.
Le silence absolu, troublé par son pouls qui déraille.
À trois mètres de lui, le mouvement. Les voix s’élèvent, les cibles s’agitent. La ruche enfumée, les abeilles s’affolent, la reine qu’il suppose planquée quelque part. Son visage se lève et il cherche. La moindre surveillance que Sparte n’aurait pas perçue, qu’ils n’auraient pas pris sous leur contrôle. Il bouge un bras, agite la main. Cherche à capter un signal, qu’on lui réponde. Qu’on lui braille de se casser de là ou d’y foutre le feu.
Et le silence toujours, le silence maladif des problèmes à venir.
Communication bousillée, les abeilles se regroupent ; savent que des frelons sont entrés la ruche. Il compte jusqu’à cinq, hésite avec dix. L’index tapote sur la crosse de son fusil. Son décompte avant l’hécatombe.

ESCAPE GAME

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Ses poings se plaçaient sur ses hanches, légèrement nerveuse, tandis qu'une expiration franchissait la barrière de ses lèvres. Ses iris étaient absorbées par la vision de tous ces écrans mis à disposition, suivant la position de chacun des soldats se déplaçant autour de l'immense bâtiment. Ils ressemblaient à des petits points, des fourmis minutieuses qui s'attachaient à la bonne stratégie du groupe, n'attendant qu'un signal pour intervenir. Mais celui qu'elle scrutait attentivement avec une perle de sueur sur le front, c'était le voyant de Skye qui ne tardait pas à bouger pour s'engouffrer dans la bâtisse, jusqu'à ce que son signal ne disparaisse subitement. Dona retenait son souffle, alors que ses bras se croisaient sur sa poitrine, s'efforçant de patienter le temps de recevoir des informations de sa part. Ses autres collègues transmettaient déjà leurs observations, qu'elle notait mentalement, puis enfin, la voix de son acolyte rebondissait au creux de son oreille, à peine audible. Quatre véhicules. Deux arrêtés.. C'était maigre, insuffisant pour une maniaque du contrôle comme la spartan, habituée à décortiquer son environnement pour en extraire tous les éléments. Mais elle s'en contentera pour le moment. Elle savait que son binôme du jour était davantage un homme de terrain régi par l'instinct, plutôt qu'un informateur soucieux de donner des détails. Il fait super froid. A quel point ? Pour quelles raisons ? Est-ce que cette forteresse nécessitait de conserver une température assez basse pour conserver des produits ? La réponse était sûrement oui, mais il ne s'agissait que de spéculations turbinées par son cerveau en action. Ils commencent à décharger. Quoi ? De quoi est-ce qu'il s'agit ? Est-ce qu'il pouvait le voir ? Dona ouvrit la bouche pour lui demander de lui en communiquer plus sur ce qu'il arrivait à remarquer. « Tu peux me- » Mais soudain, la ligne satura tant et si bien qu'elle s'arracha l'oreillette pour échapper à cette fréquence grinçante et désagréable.  « Putain ! » grognait-elle d'emblée, reportant son attention sur les écrans qui se brouillaient, perdant une à une les connexions entre eux, tandis que les petites fourmis semblaient disparaître.

Ils étaient repérés.

 « Non non non... » . Comme d'un ressort, sa silhouette s'agitait pour se jeter sur le clavier et replacer son matériel au creux de son audition, pianotant rapidement sur les touches pour chercher à tester toutes les lignes et joindre ses collègues. Michael. Jacob. Mina. Même Hector, qu'elle détestait. Personne ne répondait tandis qu'un grésillement moqueur et désinvolte poursuivait de gémir dans son tympan. Ses poings s'abattaient sur son bureau sur un excès de rage, suivi d'un  « MERDE ! » énervé, cherchant à regagner au moins la visibilité des radars. Toutefois, plus rien ne semblait vouloir répondre à sa commande, totalement coupée de toutes formes de communication et même de vision d'ensemble sur le terrain. Et cette position l'irritait affreusement.  « Teddy ? Teddy tu m'entends ? » appelait-elle sur un ultime espoir de pouvoir trouver l'écho de ses cordes vocales, même un râle lui suffirait amplement pour se rassurer. Mais rien, seul un silence profondément rigide se prononçait comme d'un mauvais signal, celui qui indiquait une tournure n'inaugurant rien de bon. Elle n'avait pas le choix, il fallait que la spartan le retrouve envers et contre tout -avant que la situation ne déraille réellement. Skye n'était pas réputé pour sa patience, encore moins quand il s'agissait d'une mission qui pouvait davantage s'apparenter à un buffet à volonté exclusivement composés d'intestins et de boyaux -car c'est ce qu'il aimait le plus, dans sa fureur assassine. Autant cette hargne pouvait être utile à bien des égards, tout comme elle pouvait compromettre une organisation minutieuse. Elle savait de quoi ce type était capable. Dona ne tarda donc pas à s'emparer de ses armes, entre flingues, couteaux et explosifs, avant de sortir de sa cachette pour rejoindre la chaleur immonde de l'extérieur.

Le chaud sembla soudainement lui écraser les poumons, cherchant difficilement son air sur chaque respiration à mesure qu'elle progressait vers les remparts en veillant à ne pas se faire repérer. Tel un serpent du désert, elle sillonnait les plaines sablonneuses pour se rapprocher puis une alarme hurla son alerte pour prévenir toute l'escorte que des intrus se trouvaient dans l'enceinte. Les soldats s'activaient déjà pour mettre la main sur eux et toujours aucun signal ne lui parvenait pour gérer la crise. Dona s'abaissa et rampa dans le sable brûlant, pour atteindre un véhicule derrière lequel elle se cacha. Et quand l'occasion se présenta, son couteau mordait une cible en vue passant juste à son côté directement à la jugulaire, pour le neutraliser et le traîner au sol. Le sang se mélangea rapidement aux grains dorés, se saisissant de sa combinaison pour s'en vêtir afin d'épouser le costume de l'ennemi. Dans cet accoutrement, la militaire passa les portes de la réserve assez facilement tandis qu'un froid glacial lui étreignait la gorge, sur un suffoquement plaintif. Putain il gèle. Mais elle n'eut pas le luxe de s'en soucier plus longtemps, accaparée par l'idée de retrouver son partenaire dans la débâcle qui s'installait peu à peu. Alors elle le cherchait des yeux, tout en calculant sa démarche sur celle des assaillants pour se fondre dans la masse. Il y avait des conteneurs absolument partout mais ce qui l'intéressait, c'étaient les fameux véhicules que Skye avait aperçu plus tôt... Des voitures qui se trouvaient là-bas, à quelques mètres, alors que l'un d'entre eux l'arrêta dans sa démarche sur une langue qu'elle ne comprenait absolument pas. Donne illusion.. Simplement, elle hocha la tête comme pour acquiescer mais l'autre s'avança, suspicieux, lui ôtant son casque brutalement. Cette fois, elle était fichue. Sa mâchoire se serra, ne lui laissant pas le loisir de réagir en lui décochant la première offensive, consistant à lui tirer une balle sous le menton et lui exploser le crâne.

Malheureusement, la détonation attira d'emblée l'attention, l'obligeant à détaler pour prendre la fuite dans tout ce réseau digne d'un labyrinthe, dont elle connaissait à peine les rouages. La chasse avait commencé et sur une tentative pour ramener ses troupes, elle hurla.  « LES GARS ! SKYE ! Vous êtes où bordel ?! » .

@"Prénom Nom"