BLOODY GAMES | FT CARMINE

- Bloody games -

This night ain't for the holy man with the holy plan for the promise land. This night we got the evil hand and the evil hand gonna raise the dead. This night ain't for the faint of heart.

Voilà trois semaines que tu t'amuses, tous les soirs, avec Simon. Ton cadeau d'anniversaire. Un zombie destiné à satisfaire ta curiosité morbide et surtout, te distraire sans modération. A l'épreuve de toute forme de fatigue, il peut supporter tes sollicitations pendant des heures quand la plupart des gens abandonnent au bout d'un certain laps de temps. Parce que ton énergie vorace les épuise.
Ton fidèle compagnon, lui, ne se plaint pas.
Et si, à l'aube de ton anniversaire tu étais déçue de le recevoir en pâture, tu apprécies désormais la vue de sa face ravagée par tes esquisses maladroites. Grâce aux conseils de Maman et démonstrations de Papa, tu commences même à te débrouiller avec ton scalpel. Leur dernière appréciation mentionnait un véritable carnage. Le summum du compliment.
Ainsi enivrée d'un enthousiasme tragique, tu te livres avant d'aller au lit et de faire des cauchemars délicieux, à ton plaisir macabre du moment : l'autopsie. Une passion très en vogue parmi les tueurs en série. Peut-être même que tu ambitionnes d'en devenir un.
Après tout, c'est une voie très noble dans le milieu du crime. Elle exige de la rigueur, de la discipline, du talent aussi. Des qualités qui te font actuellement défaut mais heureusement, tu as le temps de t'améliorer. Devenir un redoutable monstre.
Tablier enfilé pour éviter de salir ton pyjama noir comme le fond de ta pupille, tu t'apprêtes à débuter ton activité artistique quand un fantôme te prévient de la présence d'un visiteur entre ces murs. Pas n'importe lequel. Guédé Kriminel. Le nouveau. Tu l'as rencontré lors du dîner donné en sa faveur.
Un specimen peu bavard, comme tu les aimes. Juste ce qu'il faut de torture intérieure. Et si ton coeur ne couinait pas déjà pour un meurtrier ravagé du cerveau, tu serais assurément tombée sous son charme à lui. C'est que tu as des standards élevés.
Munie de ton scalpel luisant et de ta mine adorable, tu quittes le grenier sans tes souliers, direction le hall d'entrée où l'odeur de sang virevolte dans les airs telle la promesse d'une soirée enchantée. "Mes parents ne sont pas là." Baron Samedi s'éternisant lors d'une réunion de la cour sucrée et Maman Brigitte en train de mener un rituel sacrificiel. Te laissant sous la protection d'une horde prête à mourir pour ton sourire funeste.
Et de quelques spectres capricieux ayant décidé de foutre le bordel.
Le porte manteau se soulève justement à tes côtés, vaine tentative d'attirer ton attention. Hélas, tes deux billes sombres demeurent rivées sur les pourtours de Carmine, l'observant attentivement. Sa fausse candeur te rappelant assurément la tienne. "Tu sais comment extraire un coeur d'un corps sans l'abimer ?" Evidemment. Sinon il n'aurait pas reçu le titre honorifique d'assassin chef. "Le coeur, pas le corps." Tu te fiches d'abîmer la carcasse de Simon. Seul le résultat compte.

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This night ain't for the holy man with the holy plan for the promise land. This night we got the evil hand and the evil hand gonna raise the dead. This night ain't for the faint of heart.

L'inlassable silence qui fait de l'existence un manège lugubre sans fin. Cet ennuyant silence qu'a forcé le monstre à sortir de sa tanière, n'a plus supporté les murs d'une maison trop remplie de souvenirs qui ne lui appartiennent pas. Le manque d'une figure qui se voulait paternel et n'en a désormais plus que le deuil. A longtemps vaqué au milieu des rues pustulées, au milieu des corps qu'ont pas rempli le silence mais ses narines, a dégobillé au coin d'une rue, l'estomac dans les baskets et le meurtre au coin des canines. Pourrait nettoyer c'monde d'ceux qui schlinguent. En devient si familier. Est-ce du sang sur ses mains ou des restes? Le sang n'est-il pas un reste? L'odeur plus appuyée qui menace l'instinct.
Le tissu dégagé de la poche afin de l'appuyer sur le nez tordu, inspire grandement l'alcool l'imbibant, chancelle en reprenant un chemin méconnu. S'est toujours laissé dire de ne jamais trop regarder où le mènera sa destination. Ou serait-ce l'inverse?

Les chaussures humides qui glissent sur le sol de la demeure maudite. N'entend que des bruits de pas sans direction, des meubles écorchés, des activités fantomatiques qui le réjouissent. Le brouhaha comme la plus douce des musiques. Destination découverte chez le patron, attend certainement une gâterie le chien de faïence, des caresses sur son poil tout lustré? Un nouveau morceau juteux à mâchouiller? Tout tant que ce n'est pas l'absence.
"Mes parents ne sont pas là." Princesse maudite qui l'observe à moitié dans la pénombre, les yeux qui s'écorchent sur le scalpel qui reluit au rayon du peu de lumière qui l'auréole. Splendide.
Exécute alors une digne révérence pour la demoiselle, théâtrale dans la gestuelle, grandiose dans ce qu'il a apprit de son Monsieur Loyal. L'haïssable. Que donnerait il pour tirer sur ses boyaux et en voir son cœur tomber. "Tu sais comment extraire un cœur d'un corps sans l'abimer ?"
Cœur? Ne pensait il pas à cet organe justement? Serait elle douée de magie la poupée? Ou a-t-il parlé à voix haute?
"Le coeur, pas le corps." Le corps... De son Monsieur Loyal. À nouveau le scalpel qui reluit, le tablier protégeant le pyjama assorti à la chevelure.
-- Je te dérange en plein exercice?
Soutire le mouchoir de devant les babines afin d'offrir un sourire faussement désolé, se souvient de la petite piaillant au dîner, elle est bruyante, elle conviendra. Range le tissu maculé de pourpre dans sa poche.
-- Cela fait un moment. Je n'en ai jamais reconnu l'utilité que pour les offrir. Et fort est de constater qu'ils sont plus effrayés lorsque c'est un massacre.
Se délecte de l'horreur des cadavres laissés derrière, aime afficher ses œuvres dont personne ne reconnait le traits artistique, change si souvent de manière qu'il y a de quoi perdre. S'affutera peut-être avec les années. Se positionnera sur le favoris. Exécute quelques pas vers la divine noirceur, mains liés dans le dos, se penche à nouveau, excellent serviteur si elle peut lui octroyer divertissement.
-- Mais je serais honoré de partager ce dont je me souviens. As-tu toujours cette sordide poupée de membres ou souhaite tu que nous nous entraînions sur plus frais avant de l'enjoliver?
Défait habilement les trois premiers boutons, arrache presque le quatrième et retire l'imperméable afin de le forcer sur le porte manteau qui retombe dans un bruit mat sous le poids en plus, semble contrarier l'esprit qui fait voler l'habit sur le sol à quelques mètres, lui force un rire triste, aurait préféré s'écraser plutôt que le tissu, sursaut de se sentir vivant. S'arrête sur la chemise claire recouverte de la dernière sauvagerie. L'observe en enfonçant sa mâchoire dans son cou. Le sang part difficilement au lavage, pire encore la chaire dont il arrache un bout du côté gauche.
-- Je pense que de nous deux tu es celle qui a raison de te vêtir de noir. Je devrais en prendre note.

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This night ain't for the holy man with the holy plan for the promise land. This night we got the evil hand and the evil hand gonna raise the dead. This night ain't for the faint of heart.

Tes tourmalines noires le scrutent en silence, dans l'attente d'une réponse, d'un oui. Beaucoup d'espoir nourri à son encontre, peut-être trop mais ton flair ne te trompe pas, penses-tu. En l'absence de mutation, tu t'en remets à ta perception du monde, des autres et tu affûtes cette dernière autant que possible.
Bingo ! Carmine accepte de t'aider.
Un rictus se forme immédiatement à la surface de ta bouche rosée. La satisfaction enfantine atteint vite tes sommets et peut tout aussi vite dégringoler. "Plus frais ?" Tu réfléchis à voix haute, comprenant malgré ta petite décennie, le sens de sa phrase. Il propose de trouver une cible vivante. Or, tu ne veux pas brûler les étapes, souhaitant d'abord peaufiner ta technique et ta dextérité avant de hausser le niveau.
Alors tu décides, pour ce soir, de t'en tenir à la pratique classique. "On s'entrainera sur ma poupée." Décision prise, non négociable. Princesse de son royaume se croit reine du monde entier.
La conversation est hélas interrompue par l'intervention inutile d'un esprit mécontent. Dont tu devines l'identité en un battement de cils. "Ne fais pas attention, c'est Saturnin." Ce crétin sans cœur ayant cru amusant de s'en prendre à ton dernier animal de compagnie. Depuis, tu lui interdis l'accès à ta chambre, aspergée de toutes les variétés de sauge cultivées par tes soins. "Un fantôme supra stupide." Le sourire s'est perdu en route et le regard candide devenu assassin.
Ce qui contrarie ton frère ectoplasmique se mettant à faire disjoncter l'éclairage. Peu t'importe, tu connais le chemin par coeur. Ta minuscule main attrape la grande patte de Guédé Kriminel afin de l'escorter à travers le manoir hanté. Jusqu'au grenier où tu résides. Court arrêt effectué devant la porte. "Tes chaussures. Il faut que tu les enlèves." Pas un caprice, un code de conduite.
Et quand les godasses dévalent l'escalier derrière vous, tu daignes finalement l'inviter en ton antre. Une chambre de gamine excessivement sombre, avec de vieux meubles disposés contre les murs, des plantes carnivores sous un velux poussiéreux, des reptiles enroulés aux poutres du plafond et des bougies pour une ambiance des plus inquiétantes.
Au milieu de ce décor lugubre, Simon couché au sol, à même le sigil dessiné à la craie. Car tu aimes peaufiner les détails de ta scène de crime. "Tu aimes ma décoration ?" Evidemment. Comment ne pas apprécier ton goût obscur et mystérieux quand il incarne lui-même, ses deux concepts renversants ? Te rappelant les qualités intrinsèques de ton crush squelettique. "Je regarde beaucoup de films d'horreur, ça m'inspire." Culture alimentée par des œuvres anciennes et nouvelles diffusions, traînant ton père au cinéma afin de partager ce plaisir ensemble.
Il tape souvent ses meilleures siestes là-bas et plus ses ronflements agacent les autres spectateurs, plus tu apprécies la séance. C'est pourquoi tu insistes toujours pour l'amener lui. "Alors par quoi on commence ?" Le scalpel entre ton index et ton pouce s'impatiente. Envie pressante de disséquer ton zombie tel un urticaire géant démangeant ta caboche innocente.

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Les traits de la précieuse poupée se fende d'une douce joie, de celle qu'il envie de goûter, de celle qu'il n'a toujours pas retrouvé à force de déambuler comme une triste main gauche ne peut que le faire. Déclin de son acte.
"Plus frais ?" Ne répond pas à la question qu'est de toute évidence rhétorique. Laisse ses méninges faire le travail, carburer dans le craquement d'une innocence qui brûle sur l'autel de leurs folie, leurs triste folie à tous. Charmante et désirable folie. "On s'entrainera sur ma poupée."
-- Fort bien.
Ne souligne son accord qu'inutilement, qui dirait non à la princesse macabre? N'être qu'en sa présence devrait être suffisant à combler le plus amer des croyants.
"Ne fais pas attention, c'est Saturnin." Tente de suivre un regard assassin sur l'invisible truand, n'en devine rien, l'après qui échappe totalement au pendant qu'il est. Ne peut s'empêcher de secouer le visage d'un air peiné néanmoins. "Un fantôme supra stupide."
--Il est malheureux que je ne puisse t'en débarrasser. J'ai bien peur de n'être bon qu'à les créer.
Ne prend cure des ampoules qui jouent à un tic tac explosif tandis qu'il se perd dans la nostalgie de ne jamais pouvoir connaître l'après, y tremper un orteil pour mieux comprendre. Mieux contrôler? Indubitablement. Se laisse entraîner par la petite tête brune à travers les couloirs, ne semble faire aucun bruit les deux êtres qui évoluent au milieu des infestations de l'habitation, seul silence appréciable, ceux des pas feutrés, vraiment appréciable. "Tes chaussures. Il faut que tu les enlèves." Coup d'œil sur les chaussures cirées afin de mieux pouvoir s'en départir, lui aurait bien offert un de ses pieds avec mais en a apparemment besoin quand ça ne repousse point. La porte de l'antre ouverte, y pénètre avec une prière, remerciement exigé. Observe les quelques plantes qui semblent gonfler, vibrer à l'odeur de sang neuf, charmantes créatures. Le front touché par le gluant d'une queue de serpent, siffle mécontent, lui siffle dessus en retour, le salue ou l'insulte, laisse au reptilien la joie d'en décider.  
S'arrête à ses côtés pour baisser les yeux sur le décor savamment dessiné. Qu'elle en fera de grande chose l'horrible poupée. "Tu aimes ma décoration ?" Ne prend pas le loisir de répondre immédiatement. Ne saurait lui lancer un compliment tout à fait déplaisant de normalité. Gratte sa mâchoire puis étend sa main à une des plantes, s'éveille sous le présent, grossit, s'ouvre, croque un bout de peau, l'arrache, fait saigner le kriminel qui tapote une pétale avec grand sourire. Laisse un bout de lui en hommage au grandiose du lieu.
"Je regarde beaucoup de films d'horreur, ça m'inspire."
-- Vraiment? Je trouve cela bien plus affreux.
N'a attrait à l'horreur que dans une comédie burlesque ridicule. N'en imagine pas bien l'impact émotionnel lorsque les spectateurs semblent toujours sur le point de craquer devant telle ou telle image. Ridicule. Mais lui-même n'a-t-il pas été inspiré par les livres gothique? Douce mélopée de mot qu'a fait se tordre ses entrailles, des débuts similaires.
"Alors par quoi on commence ?"
Observe le brillant du scalpel puis le mannequin allongé, analyse le torse ayant du mal à se soulever, pas exactement vivant, fonctionnel, fera l'affaire.
-- Permet moi.
Lui vole agilement l'outil, le noirci de son sang qui s'écoule en filet, tâche l'ustensile, tâche son poignet, tâche la peau cadavérique lorsqu'il fait une première incision horizontale sous les clavicules.
-- D'abord dessiner un H pour avoir toute la place requise. Erreur de débutant que de couper une simple ligne, tout artiste se doit d'être attentionné pour réaliser son œuvre.
Exécuté une deuxième incision sous les côte, parfaitement parallèle à la première, un geste répété, maîtrisé, récupère le manche entre ses lèvres afin de le nettoyer de son sang, n'aimerait pas souillé la poupée de son carmin en le lui rendant maintenant tout propre.
-- À toi l'honneur de les connecter. Si l'état des autres organes t'importe, tu peux appuyer autant que tu le souhaites. Sois précise.
Pourrait lui laisser du leste, ne pas s'attendre à une ligne parfaite, mais n'a-t-elle pas peint un si joli sigle? Cela serait dommage de le souiller d'un travail mal effectué. À pleinement confiance en ses capacités, rirait de la déception. Fait le tour du mannequin afin de se positionner face à elle, ne regarde pas immédiatement son mouvement, observe les trous du visage balafré, passe une main devant, s'amuse de son absence de vision.
-- Tu n'aimais pas la couleur de ses yeux?

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Le compliment de Carmine attendrit ton cœur noiraud et tu le manifestes d’un sourire trop lumineux pour l’afficher au milieu de la frimousse. Alors tu souris intérieurement. Beaucoup. Satisfaite que le grand et terrible guédé Kriminel trouve ta décoration affreuse. Tu aimes ce mot. Il est doux. Comme un morceau de caramel ravageant les petites dents. Aussi, tu lui cèdes ton outil d’horreur sans broncher. Tu es curieuse de voir sa façon de procéder. Envie d’apprendre de l’abomination elle-même. Un grand privilège.
Le regard note l’ébauche. Est-ce un rituel de laisser l’empreinte de son propre sang sur ses accessoires de magie ? Tu notes de poser la question plus tard. L’heure est à la pratique. Ainsi tu approches de ton zombie, docile, tranquille, confiant. Il ne bronche pas. Coopère depuis la première incision. L’avantage de ne plus avoir la capacité de raisonner. Le cerveau en moins, la dévotion en plus. Prêt à faire absolument tout ce que tu exiges.
Agenouillée près du corps, tes billes charbonneuses observent les gestes effectués par l’expert en la matière. Tu tentes de les mémoriser. C’est si poétique que tu en as des papillons dans le ventre. Un vrai régal. Des papillons carnivores comme l’azuré du serpolet. Une créature fascinante dont le mode de fonctionnement te rend mielleuse.
“Entendu.” Un mot, un seul, avant de récupérer l’instrument et d’exécuter à ton tour la partition. Concentrée pour que la chanson ne s’arrête pas, tu te montres très minutieuse. Tes doigts se referment sur le scalpel, exercent une pression supplémentaire au niveau de pointe, l'enfoncent légèrement, tracent la ligne manquante au H, connectent les points entre eux et terminent la préparation du buffet. Le thorax de Simon est scarifie.
Ta main ne tremble pas. Malgré l’adrénaline pulsant partout en même temps. Quel plaisir immense ressens-tu. “Voilà.” A nouveau, tu te contentes de peu afin d’exprimer beaucoup. Satisfaite de ton travail. Impatiente d’enchaîner. Mais Carmine t’interroge et tu lèves ton minois innocent vers lui. “Je préfère celle-ci” de couleur “pas toi ?” Ton regard s’égare vers les deux trous remplaçant les globes oculaires de ta poupée. Défigurée par tes soins. “Je les ai retirés à la petite cuillère… ça glissait bien.” Cette fois, le rictus s’affiche en grand écran, irradie la surface entière de ton portrait tandis que tu revis ce moment de totale euphorie. Ton grand moment.
Tu essuies finalement l’arme sur ton beau tablier et la tends à ton mentor. “Ensuite ?” Pas de répit au menu. Du sang, du sang et encore du sang. Un programme nocturne rêvé. Tes parents vont être fiers lorsqu’ils vont revenir et voir leur petite prodige brandir son œuvre devant leurs bouilles transcendées par l’ego.
“Tu aimes tuer des gens ?” Les cils battent la mesure, les lèvres remuent. C’est d’une voix trop douce pour ton âme ténébreuse que tu demandes à l’artiste ce qu’il retire de sa poésie. En plus de l’honneur de servir la royauté absolue.

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This night ain't for the holy man with the holy plan for the promise land. This night we got the evil hand and the evil hand gonna raise the dead. This night ain't for the faint of heart.

L'incision est tracée, de manière si splendide qu'il en aurait presque versé une larme si les canaux n'étaient pas asséchés, plus de barque sur Venise, ville maudite. Observe la ligne, suit le tronc, bien droite. Remonte l'étude sur le visage balafré, plonge dans la mer sans fond des yeux qui ne sont plus. Fronce les sourcils dans une réflexion intense, aime-t-il cette couleur ?

--Non. J'ai en horreur le vide.

La vérité pour salut, n'oserais se paraît de son plus bel atout pour la vilaine, elle mérite son attention. À la mention de la petite cuillère esquisse un sourire à la canine fêlée, hoche vigoureusement la tête l'animal, oui oui que ça glisse bien. Lui préfère la fourchette mais cela n'a d'attrait qu'à celui qui manie l'instrument alors à quoi bon.
Récupère l'outil nettoyé et le pose sur le front de la poupée, n'en a pas besoin, ne trouve un meilleur moyen de le ranger tout en le gardant à portée, ne le ferait jamais tenir à la vicieuse, affront que cela serait. Pince doucement les tissu des deux part de la ligne verticale qu'elle vient de tracer et ouvre délicatement le thorax tel un fabuleux livre de conte, dépose les deux couvertures de part et d'autre afin de plonger le visage au dessus, observe l'intérieur pourri en claquant sa langue.

--Quel vilain intérieur, c'est normalement si coloré, j'en serais presque déçu.

Ô désespoir, aurait voulu lui montrer l'art des couleurs sanguines dans un tableau rosé mais ne doit faire qu'avec le gris insensible de la nécrose. Trahison. Passe son doigt sur le diaphragme afin de le baisser, gigote un peu et réussit à ramener la fin du cœur battant faiblement sur le devant.

--Quelle affreuse question que voici, pinces ?

Relève les yeux pour observer les alentours, recherche de l'instrument avant de continuer, n'aime pas comment le pancréas est gonflé, obstrue la si jolie vue. Mauvais tableau. Très mauvais tableau. Souffle mécontent en relâchant le diaphragme qui vient se repositionner sur l'organe convoité.

--Il te dirait de la reposer. Mieux réfléchir. Mais je ne saurais être aussi insultant. Je pourrais te répondre que oui. Comme non. Et les deux réponses ne seraient pas un mensonge. Il y a bien des choses que tu peux obtenir avec les bonnes questions, les mauvaises permettront aux gens de te mentir éhontément, te manipuler. Ne leurs laisse pas ce plaisir.

D'un mouvement souple récupère le scalpel et le plante dans le bas du poumon droit, le charcute sans ménagement jusqu'à pouvoir en sortir une partie, la laissant tomber par terre, aurait du prendre une bâche, sauf si les traces l'intéressent, cela pourrait faire un jolie abstrait avec une bonne lampe UV. Une partie dégagée en attendant les pinces, observe maintenant le rattachement fignolé, nouveau cœur pour ancien corps ou ancien cœur forcé à vrombir de nouveau ? Il pourrait être mécanicien. C'est un bon plan retraite.

--J'aime manger mais je n'aime pas manger tous les aliments existant. Tu comprends ?